Hôpital Pitié-Salpêtrière (Paris) : Le mécontentement persiste !03/03/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/03/une-1651.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hôpital Pitié-Salpêtrière (Paris) : Le mécontentement persiste !

Dans le cadre du mouvement de lutte qui se poursuit à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, une conférence de presse commune a été organisée par les syndicats et le Comité Consultatif Médical (CCM) regroupant des médecins et chefs de service, jeudi 24 février. Elle a été un des points forts du mouvement.

Quinze jours auparavant, le CCM avec une quarantaine de médecins s'était réuni avec les hospitaliers sous la pression du mouvement. Or à de nombreuses reprises, en particulier au Bâtiment de Tête qui regroupe l'ORL, l'ophtalmologie et la neurochirurgie, des médecins avaient refusé de baisser l'activité, affiché un parfait mépris envers les personnels, en en insultant même. Aussi, que cette conférence de presse commune, qui a rassemblé 500 personnes, ait pu se dérouler a été ressenti comme le résultat du mouvement sur l'hôpital, de l'agitation permanente depuis plus de deux mois.

Les médecins se sont déclarés solidaires du mouvement en dénonçant « une gestion plus comptable que médicale », le handicap que représente une pénurie de personnels et même l'absence de marge sécuritaire du point de vue des personnels. L'ambiance, ponctuée d'applaudissements, était au beau fixe. Le président du CCM a demandé un moratoire des économies pour permettre de repenser l'organisation de l'hôpital en fonction de critères médicaux.

Cependant les médecins ont marqué leurs distances avec le mouvement, en condamnant certaines des actions des personnels en lutte, en particulier les manifestations dans les rues, ce qui leur a valu un tonnerre de huées. L'un d'eux a raconté qu'il avait manifesté lors de ses 2530 ans et en avait conclu que cela ne servait à rien, tandis que le président du CCM a expliqué que l'engagement était individuel, que chacun avait sa façon de revendiquer. Et pour concrétiser leurs distances, ils n'ont pas participé à la manifestation avec les travailleurs dans l'hôpital, une fois la conférence achevée.

Ces derniers ont pris la parole après les médecins, pour dire leur ras-le-bol quotidien des conditions de travail, dénoncer les limites au-delà desquelles le danger est franchi. Ainsi le Réveil central, qui accueille tous les SAMU, les gens rapatriés de l'étranger et ceux qui bénéficient de dons d'organes, est en surcharge de travail permanente. Des patients restent 48 heures au Réveil, faute de pouvoir aller ailleurs. Le service reçoit 500 à 600 patients par mois, soit 30 parjour au moins et tourne en dessous du service minimum avec une aide-soignante et deux infirmières. Le service minimum devrait être deux aides-soignantes et quatre infirmières. Aussi les personnels accumulent les repos supplémentaires non pris, parfois depuis 6 ans, et ont à leur charge 150 heures supplémentaires.

A la Radio-centrale, le budget ne permet plus d'assurer le service comme avant. Des consultants de services internes et de ville sont refusés et dans le même temps l'activité du scanner a augmenté. En consultation interne, il y a 15 jours d'attente. Du matériel est périmé tandis que 5 salles de radiographie sont destinées à devenir des bureaux. Depuis quatre ans, l'effectify a baissé de 10 %. Le service des Urgences, lui, pour une capacité d'accueil de 90 personnes, reçoit actuellement 169 personnes par jour. Depuis que le service de pédiatrie a fermé, des enfants continuent à être accueillis aux Urgences sans que celles-ci soient équipées pour. En Radiothérapie médicale, il y a une infirmière et un agent hospitalier pour neuf lits dont cinq de thérapie lourde. Évidemment, il est impossible d'assurer les relations avec les patients. Et puis, dans ce service, les sacs de linge sale, de linge propre, les poubelles, le personnel et les visites transitent par le même ascenseur. Bonjour l'hygiène! La collègue qui témoignait ainsi a conclu en disant qu'elle avait l'impression d'être « une ouvrière dans une colonie de fourmis». De très forts applaudissements ont marqué la solidarité de la salle avec son intervention révoltée et en colère. .

Après la conférence, remontés et -contents d'avoir exprimé et entendu ce qu'ils avaient sur le coeur, les travailleurs ont fait le tour de l'hôpital.

L'après-midi, ils se sont retrouvés pour rencontrer le directeur de l'hôpital qui revenait de la direction générale. Ils ont essayé de lui extorquer ce qu'il comptait faire pour répondre à leurs exigences. Celui-ci fut clair avec lui-même, c'est-à-dire vigoureusement opposé au personnel en lutte. Il a déclaré « qu'il négocierait dans le cadre budgétaire imposé par le ministère » et même « qu'il n'excluait pas la fermeture de lits par le biais de la réorganisation de l'hôpital».

Alors, autant dire que les participants présents à cette rencontre restent insatisfaits et que la manifestation du 29 février allait offrir à nouveau la possibilité de dire son ras-le-bol.

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