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- Lutte ouvrière n°1651
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Les projets d'Allègre : Des économies sur le dos des enseignants... et des élèves !
Dès la rentrée des vacances les enseignants des lycées d'enseignement professionnel de la région parisienne se sont réunis dans leurs lycées, dans des assemblées au niveau des départements et au niveau de la Région.Bien déterminés à ne pas laisser passer les projets d'Allègre, ils ont manifesté le jeudi 24 février. Quelques lycées d'enseignement professionnel étaient déjà en grève dès la rentrée, et d'autres ont voté la grève reconductible à partir de lundi 28 février à Paris, dans les Yvelines, en Seine-Saint-Denis (le LEP Simone-Weil à Pantin), par exemple.
Mais le mécontentement dépasse largement les lycées professionnels : du primaire en passant par les collèges jusqu'aux lycées d'enseignement général, les raisons de se mettre en grève sont nombreuses.
Durant tout le mois de février se sont succédé des manifestations, comme celles de l'académie de Montpellier, 10 000 manifestants à Montpellier le 12 février et 20 000 le 16 février, avec les parents, mais aussi 15 000 manifestants à Nîmes le 12 février ; mi-février, 37 collèges et lycées du Gard sur 56 étaient en grève reconductible. Partout, c'est la politique d'économies d'Allègre qui est contestée.
Allègre s'attaque à l'enseignement professionnel.
Allègre a commencé l'année dernière avec sa " chartre de l'enseignement professionnel intégré " qui devrait entrer en application à la rentrée prochaine.Pour les élèves, cela veut dire beaucoup plus de stages dans les entreprises, celles-ci ayant leur mot à dire sur les programmes et les évaluations des élèves : ces stagiaires serviront surtout de main-d'oeuvre gratuite.Cela veut dire aussi une diminution du temps de formation, moins de français, moins de maths, moins de langues vivantes, moins de formation théorique, y compris dans le domaine professionnel : en moyenne par exemple une demi-heure de français en moins par semaine, et pour l'enseignement professionnel lui-même deux heures de moins par semaine !
Le prétexte invoqué par le gouvernement, de mieux adapter la formation pour ces élèves, est évidemment faux car, avec moins de formation théorique, les jeunes qui choisiront la filière professionnelle auront, au contraire, plus de mal à se reconvertir si nécessaire.Cela voudra dire moins de culture générale pour des jeunes qui y ont déjà moins accès que d'autres.
Pour les enseignants, un décret d'Allègre devrait être voté le 6 mars qui s'attaque au statut des professeurs de l'enseignement professionnel en instaurant une annualisation des horaires et une flexibilité.Mais il va servir surtout à diminuer le nombre de postes et donc de professeurs, alors qu'il faudrait au contraire créer des emplois pour qu'il y ait moins d'élèves par classe. Ces dernières années, une bonne partie, voire dans beaucoup de LEP la moitié des enseignants des lycées d'enseignement professionnel ont étés embauchés en tant que maître-auxiliaires ou contractuels.Avec les projets d'Allègre ils se retrouveront pour beaucoup chômeurs. Dans bien des LEP, il a été déjà annoncé qu'il y aurait l'année prochaine des postes en moins et donc des précaires mis dehors.Ainsi pour les LEP parisiens, les suppressions de postes pouvant aller jusqu'à plus de 15% de l'effectif ; ce serait 10% pour les LEP de l'académie de Créteil ! A d'Alembert à Aubervilliers, par exemple, il a été annoncé 80 heures en moins, ce qui signifie 4 à 5 postes en moins, à l'ENNA de Saint-Denis, il serait question de supprimer 100 heures !
Une attaque qui vise aussi les autres branches de l'enseignement
A la mi-février le ministère a fait connaître les dotations horaires des écoles primaires et des collèges pour la prochaine rentrée 2000.C'est ce qui a provoqué grèves, manifestations et occupations d'écoles, en particulier dans le Gard, mais pas seulement.D'ailleurs Allègre a dû reculer pour 350 postes sur les 1000 réclamés par les instituteurs. Les collèges et les lycées sont touchés : les " dotations horaires globales ", c'est-à-dire ce que les établissements auront comme postes à la rentrée prochaine, qui sont annoncés en ce moment partout, sont dans beaucoup d'endroits en diminution. La réforme d'Allègre, pour l'enseignement secondaire " général " cette fois, qui avait suscité la colère des enseignants l'an dernier parce qu'elle diminuait l'horaire pour l'enseignement des langues, des maths, de l'histoire etc, permet justement ces diminutions de postes...
Pour beaucoup d'enseignants, il est évident que le ministre de l'Éducation nationale veut faire des économies, par tous les moyens, et qu'il faut donc se battre.
Dans beaucoup d'établissements, surtout les LEP pour l'instant, mais pas seulement une journée de grève et de manifestation se prépare pour le 6 mars, jour où se réunit le Comité Technique Paritaire ministériel, chargé d'entériner la carte scolaire du second degré, c'est-à-dire le nombre des postes et leur répartition pour les établissements du secondaire et la remise en cause du statut des professeurs des lycées d'enseignement professsionnel.Et la meilleure façon de préparer le succès du 6 mars, c'est que la grève démarre... le plus vite possible dans les établissements.
Et puis il faudrait que la riposte devienne générale à toute l'Éducation nationale car, comme pour tous les services publics, le gouvernement entend faire le plus d'économies possible. Cela implique une régression des conditions d'enseignement, qui touchera bien sûr surtout les enseignants, les parents et les jeunes des quartiers et des banlieues populaires ! La " cagnotte ", ce n'est pas l'Éducation nationale qui en verra la couleur, ni la santé, ni les transports... sauf si la crainte de la colère des enseignants lui fait desserrer les cordons de la bourse.