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- Lutte ouvrière n°1651
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Dans les entreprises
Lever (Haubourdin - Nord) : 25000 suppressions d'emplois, annoncées chez Unilever
Les deux PDG d'Unilever, MM Fitzgerald et Burgmans, viennent d'annoncer la suppression de 25000 emplois et la fermeture de 100 sites, soit 25 % des effectifs, et non pas 10% comme cela a été écrit dans la presse. .
Ces restructurations toucheront l'Amérique (Nord et Sud) et l'Europe, cette dernière serait concernée pour 12.500 emplois.
Ce plan s'étalerait sur cinq ans (2000-2004) et, selon les syndicats du comité de groupe Unilever, il s'agirait soit de suppressions dues à des restructurations, soit de cessions d'activités à des concurrents.
L'objectif de la direction d'Unilever est d'accélérer « la marche à la croissance », pour les actionnaires bien évidemment, en essayant d'atteindre 5 % de croissance par an et 15 % de marge, c'est-à-dire de bénéfice par rapport aux capitaux investis.
Il faut savoir que le taux de croissance actuel est de 2 % et que le taux de marge bénéficiaire est de 11 %, ce qui fait déjà des sommes énormes. D'après le journal La Tribune, les bénéfices seraient de 6,49 milliards de florins en 1998 - environ 22,7 milliards de francs - et de 6,14 milliards de florins en 1999, soit environ 21,5 milliards de francs.
Les deux PDG en conviennent puisqu'ils disent que la multinationale a « une amélioration sensible du cashflow et de la rentabilité avec des résultats d'exploitation qui sontpassés de 8,4 % en 1995 à 11, 2 % en 1999. Nous avons travaillé dur et nous pouvons étrefiers de ce que nous avons accompli ».
Qu'est ce que travailler dur, pour ces Messieurs? Qu'on en juge: ce dur travail a consisté à supprimer 20 000 emplois et fermer 57 sites entre 1991 et 1996.
À Haubourdin, cela s'est traduit par la perte de 220 emplois entre 1994 et 1996, la baisse des salaires de 8 %.
Si en 1993 Lever-France réalisait 90 millions de francs de bénéfices net après impôts pour environ 1 180 salariés, soit 76 271 francs par salarié, en 1998 les bénéfices étaient de 107 millions de francs pour 847 salariés, soit 126 328 francs par salarié. Et ils seraient encore en hausse de 30% en 1999.
Par ailleurs, parce qu'Unilever a vendu la branche Chimie, les actionnaires ont touché une prime de 48 milliards de francs l'an passé.
Alors à l'annonce de cette nouvelle attaque sur l'emploi, à Haubourdin c'était l'écoeurement et l'inquiétude.
Car la direction de LeverFrance compte bien profiter de cette annonce pour diminuer encore les salaires et aggraver les conditions de travail.
Le lendemain même de cette annonce à la presse, les délégués des différents sites étaient convoqués au siège de Lever-France pour discuter des «35 heures». t Et le projet de la direction est tout 1 un programme. Tout y est: la 1 flexibilité avec la mise en place des semaines à 22 heures et des semaines à 48 heures selon les besoins de la production, la notion de temps de travail effectif avec le retrait des pauses dans le calcul du temps de travail, le blocage des salaires, voire une baisse s'il n'y a pas d'accord avec les syndicats, et plus question d'embauche.
C'est ainsi que les salariés de l'usine de Saint-Vulbas dans l'Ain ont appris, alors qu'ils sont 1 à 39 heures par semaine, qu'ils faisaient déjà les 35 heures, à 10 heures près : L610 heures contre 1600 pour les 35 heures.
A un délégué qui protestait de cette annonce, le directeur des Ressources Humaines répliqua: « Ce n'est pas le moment de faire le malin. Vous avez entendu l'annonce d'Unilever dans la presse ? ».
Depuis, les discussions vont bon train dans les ateliers. Si cerains cadres essaient de tabler sur a peur en disant qu'« il ne faut as donner des cartouches à Unilever», c'est-à-dire qu'il faut faire le dos rond et accepter le chantage patronal, beaucoup pensent qu'il faut réagir.
Il faut dire que l'exemple de Renault à Vilvorde en Belgique et Levis à la Bassée, à 10 km de Lever, sont un enseignement pour ceux qui seraient tentés de céder au chantage patronal. Ces salariés ont accepté de donner le 13e mois, de se plier à la flexibilité, et pour quel résultat? Ils ont été icenciés sans pitié.
Dans la mesure où il y a trois usines Lever dans la région et sept autres de l'autre côté de la frontière, en Belgique, nous avons intérêt à essayer d'agir ensemble. Unilever va peut-être tenter de nous licencier, mais qu'il sache que cela ne se fera pas sans difficultés pour lui, et au prix fort.