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- Lutte ouvrière n°1745
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Hospices Civils de Lyon : Avec les 35 heures, le mécontentement s'amplifie
Tout au long de cette année, la direction et l'encadrement des Hospices Civils de Lyon (HCL) ont multiplié les pressions pour essayer de mobiliser le personnel sur la mise en application des 35 heures. De multiples réunions et des questionnaires de plusieurs dizaines de pages à remplir collectivement et par service laissaient espérer aux agents que leurs demandes pourraient être entendues. Certains y ont cru un peu et avaient quelques illusions.
Mais ces illusions se sont vite envolées lorsque le nombre d'emplois supplémentaires et les premiers scénarios d'application sont tombés courant décembre. Le mécontentement des personnels est alors monté d'un cran. La création en 2002 de seulement 181 postes pour un effectif total de 16 000 agents sur l'ensemble des HCL, ce qui ferait 40 postes pour l'hôpital Edouard-Herriot (4 000 agents), 15 pour l'hôpital de la Croix-Rousse (1 400 agents), 5 pour l'Hôtel-Dieu (590 agents), représente une misère face aux énormes besoins !
La réduction du temps de travail (RTT) se traduirait par une diminution d'une demi-heure par jour, 6 jours de RTT inclus dans les roulements et 6 jours de RTT à la disposition des agents. Des jours de RTT que les agents savent très bien qu'ils ne pourront pas prendre, étant déjà aujourd'hui obligés de revenir sur leurs repos.
Mais surtout, ce qui ne passe pas, c'est la réduction d'une demi-heure par jour. Les agents ne l'ont jamais demandée et n'en veulent pas. Pour eux, la réduction du temps de travail, cela doit se traduire par des jours de repos supplémentaires.
De plus, les multiples régressions que les 35 heures sauce direction générale vont engendrer alimentent le mécontentement. Ainsi pour les relèves entre les équipes d'infirmières dans les services de soins : "C'est un lien important entre les équipes et le meilleur moyen de parler des malades", disent-elles. C'est un moment de convivialité où tout le monde se retrouve, infirmières et aides-soignantes, où le stress s'évacue. Ces relèves d'environ 45 minutes aujourd'hui risquent d'être réduites à la portion congrue : on voit même des chefs chronométrer la transmission des consignes pour que ça ne dépasse pas... 8 minutes ! Certains parlent de transmission par ordinateur, voire par dictaphone ! "Les malades, ça ne se met pas dans des cases. Il y a des tas de petites choses morales et humaines qui sont importantes et qui jouent dans le rétablissement des malades", répondent les infirmières.
Dans une telle situation, celles-ci devront inévitablement déborder de leur horaire, manger en 10 minutes. Les aides-soignantes ne pourront plus assister aux relèves, ne seront pas au courant des consignes et perdront du temps pour les obtenir.
Autre exemple à la maternité de la Croix-Rousse : les 35 heures aboutissent curieusement à une... diminution du nombre des auxiliaires-puéricultrices ! Et la direction se sert de nouvelles normes pour leur imposer la responsabilité de plus de bébés. Cela voudra dire plus de difficultés pour s'occuper d'eux, assurer les repas toutes les 3 heures, les examens, les bains réguliers... "Respectez la sécurité, pas la qualité", tel est le discours de la direction.
Ailleurs, des chefs veulent supprimer les tours effectués par les aides-soignantes auprès des malades pour le choix des repas. Dans un service de chimiothérapie d'Edouard-Herriot, on demande aux malades de venir avec leur "port à cath" déjà posé (c'est-à-dire posé dans le privé) par manque de personnel et aussi d'anesthésistes. Pour les manipulateurs-radio, c'est déjà un véritable travail à la chaîne. Avec les 35 heures, ils ne pourront plus assurer leur travail complètement : soit ils refuseront des malades, soit ils feront des heures supplémentaires !
Et quand on affirme que tout cela ne va pas, qu'il sera impossible de travailler correctement, que ça va être la pagaille, les surveillantes nous répondent : "Vous ne travaillez pas assez vite. Vous vous organisez mal. Faites preuve d'imagination !"
Tout cela fait que le mécontentement s'amplifie. Les assemblées générales, qui jusqu'alors réunissaient peu de monde, en rassemblent beaucoup plus depuis plusieurs semaines, en particulier à Edouard-Herriot où des débrayages d'une heure ont eu lieu tout au long de la semaine précédant les fêtes. Objectif : aller dans les services, convaincre les agents de ne pas accepter ce plan de régression des 35 heures et se préparer à une lutte plus large dès la rentrée de janvier.