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- Lutte ouvrière n°1776
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Beauvais (Oise) : - Nestlé veut supprimer 168 emplois
Dans son usine de Beauvais (fabrication de glaces Gervais et de surgelés de marque Maggi, ex-Findus), qui comptait 2500 salariés il y a vingt ans, et où il en reste à peine 1000 aujourd'hui, après deux plans de suppressions d'emplois dans les années 1990, Nestlé a l'intention de se débarrasser de 168 personnes supplémentaires.
128 correspondent à des départs en préretraite à partir de 55 ans. Bien sûr, les salariés concernés sont soulagés de pouvoir partir, en particulier pour ceux qui travaillaient en équipe et sur chaîne. Mais ils vont perdre de l'argent. Et perdre plusieurs centaines de francs quand on gagne 7500 ou 8000 F par mois, ce n'est pas rien. Surtout quand c'est le seul salaire qui rentre dans un foyer.
En plus des 128 préretraitables, la direction du secteur des surgelés veut chasser 40 personnes. Elle emploie tous les moyens pour obtenir qu'elles partent soi-disant volontairement.
Elle convoque individuellement, en tête-à-tête, ceux qu'elle veut jeter par-dessus bord. Elle choisit spécialement des veufs, des salariés malades ou handicapés, des femmes seules de plus de 50 ans sans qualification particulière, qu'elle cherche à impressionner entre quatre yeux, en ayant le culot de tenter de leur faire miroiter comme un " pactole " les maigres primes de départ de quelques dizaines de milliers de francs.
Elle cherche aussi à affaiblir le syndicat CGT, en demandant le licenciement d'un nombre important de ses délégués.
Elle propose à ceux qu'elle veut pousser dehors des mutations à l'autre bout du pays, sans garantie réelle de salaire, avec le licenciement pur et simple si cela ne marche pas, et sans même que quiconque puisse savoir si ces postes à Dijon, Bordeaux ou Marseille existent vraiment !
Elle propose aussi le travail intermittent. Cela consisterait à travailler uniquement pendant quatre mois dans l'année (mais sans doute plus que 35 heures par semaine) avec une paye réduite à 7/12 du salaire normal, en partie compensée pendant quatre ans. Cette proposition est non seulement inacceptable, mais en plus mensongère : elle est en effet soumise à l'accord des syndicats, qu'aucun n'a donné !
En même temps que la direction fait le vide dans son usine, elle lance de nouveaux produits, et elle se prépare à exporter en Italie, en Espagne et en Suisse. Cela pourrait bien signifier des cadences renforcées, le travail systématique en 3x8 (même pour les femmes, puisque la majorité de gauche plurielle a voté l'autorisation du travail de nuit des femmes), une productivité accrue pour ceux qui resteraient, pendant que les autres connaîtraient plus ou moins vite le chômage et les difficultés matérielles.
Nestlé est riche, très riche. A tel point qu'il ne se passe pas un trimestre sans qu'il rachète une nouvelle entreprise dans le monde. La dernière en date, au début du mois de juillet, c'est le no 1 russe des eaux en bouteille, acquis par la branche eaux minérales de Nestlé (Perrier, Vittel, San Pellegrino).
Nestlé, dont la fameuse Liliane Bettencourt, première fortune de France, est actionnaire, a déclaré en 1998 17 milliards de francs de bénéfice net ; en 1999, 19 milliards ; 24 milliards en 2000, 29 en 2001. Au total, sur quatre ans, les 230 000 salariés du groupe ont officiellement rapporté 90 milliards de francs aux actionnaires de ce groupe, soit près de 400 000 F par salarié en seulement 4 ans !
Et c'est pour maintenir, ou même accroître ces profits gigantesques que Nestlé, no 1 mondial de l'agro-alimentaire, veut encore sacrifier 168 emplois à Beauvais.