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- Lutte ouvrière n°1905
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Arkéma-Jarrie (près de Grenoble) : Licenciement scandaleux d'un ouvrier du sous-traitant Socorail
Le jeudi 13 janvier 2005 la direction de l'entreprise Socorail annonçait le licenciement d'un chef d'équipe qui intervenait sur le site de l'usine Arkéma de Jarrie, en avançant un motif disciplinaire: une altercation aurait eu lieu entre ce salarié et le responsable régional de Socorail. En réalité, ce chef d'équipe, militant syndical, est un travailleur combatif, privilégiant la sécurité, bref un gêneur aux yeux de Socorail et d'Arkéma, dont il fallait se débarrasser, sous un prétexte bidon.
L'entreprise Socorail est une des nombreuses entreprises sous-traitantes qui interviennent sur l'usine chimique Arkéma de Jarrie. Les douze employés de Socorail s'occupent du conditionnement de deux produits: le chlorure d'aluminium et le chlorate de soude, fabriqués par Arkéma. Au cours de l'été 2004, les salariés de Socorail avaient mené une grève qui leur avait permis d'obtenir une amélioration des rémunérations, grève animée par ce chef d'équipe, militant CGT. Celui-ci était donc dans la ligne de mire de la direction de Socorail et d'Arkéma, ces gens-là n'appréciaient pas qu'un chef d'équipe soit plus solidaire des ouvriers, avec qui il travaille, que de sa hiérarchie.
C'est le 28 décembre que la direction de Socorail demandait à ce chef d'équipe de programmer une intervention de nettoyage sur le silo R401, un silo de stockage de chlorate de soude. Aussitôt celui-ci faisait valoir son droit de retrait pour lui et ses collègues, et refusait cette intervention sans tenue préalable d'un Comité Hygiène et Sécurité (CHS). Les raisons ne manquent pas pour cela. Le chlorate de soude, réduit en poussière, possède dans certaines conditions, des propriétés incendiaires et explosives. Un accident grave s'était d'ailleurs produit, lors d'une opération du même type que ce silo R401, le 26 octobre 2000: une déflagration s'était produite, blessant gravement un salarié de l'entreprise KS Service qui intervenait à l'époque. Le CHS n'avait, alors, pas été informé de l'accident et si, depuis, certaines conditions d'intervention ont changé, comme l'abandon du marteau-piqueur, ce travail reste dangereux avec l'ouverture d'un "trou d'homme" et le cassage du produit avec des barres de fer.
Il était donc normal que ce chef d'équipe exige la tenue d'un CHS avant cette intervention, pour mettre en place un protocole garantissant la sécurité. Ce CHS fut donc prévu pour le lundi 3 janvier, mais la direction de Socorail décida que c'en était trop. Dès le 29 décembre, il était interdit d'accès à l'usine, avec la complicité de la direction d'Arkéma, et apprenait qu'il était en mise à pied conservatoire jusqu'au 7 janvier, jour où la direction statuerait sur son sort, et cela au prétexte d'une prétendue altercation avec le directeur régional de Socorail, altercation sans témoin, évidemment.
La ficelle était un peu grosse, et aussitôt les salariés de Socorail se mettaient en grève, solidaires de leur collègue. Le 7 janvier, la direction de Socorail n'en annonçait pas moins son licenciement. La direction d'Arkéma se montrait complice de cette mesure scandaleuse.
La CGT d'Arkéma a appelé alors à une assemblée des salariés du site. Contre les patrons complices de ce forfait, les ouvriers du site devaient être solidaires. L'assemblée du 17 janvier appela à la grève contre le licenciement qui fut un succès, avec la mise à l'arrêt de toutes les installations le mercredi 19 janvier.
Reste que, pour l'instant, la direction n'a pas reculé. Et quand il y aura un accident, elle invoquera "la fatalité".