Davos : Quand le sommet des riches se met au social03/02/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/02/une1905.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Davos : Quand le sommet des riches se met au social

Le Forum économique mondial de Davos n'est pas devenu une succursale du Forum social mondial de Porto Alegre. Les frais d'inscription (plus de 9000euros) et de séjour ne sont pas du même niveau, et s'y côtoient les grands de ce monde, patrons, dirigeants politiques et décideurs. Mais cette année, la mode est d'y afficher des préoccupations sociales.

On y parle de la faim dans le monde, du sida, de la situation de l'Afrique. Cela s'accompagne de la présence de chefs d'État de pays pauvres, comme les présidents du Nigéria, du Brésil ou d'Afrique du Sud, et de vedettes qui ont troublé le ronron, comme l'actrice Sharon Stone ou le chanteur de rock Bono, qui a comparé le sort de l'Afrique au génocide des Juifs et à Auschwitz. Mais les grands de ce monde savent fort bien s'accommoder de ces "imprévus".

Un certain nombre de conférences programmées portaient sur la pauvreté, le sous-développement, la faim, les épidémies, et les politiciens s'y pressaient, entre autres le ministre français de l'Economie, Hervé Gaymard, et son collègue anglais, Gordon Brown.

Ces gens-là ne sont pas avares d'idées qui, selon eux, changeraient le monde. Lula, le président brésilien, s'est dit d'accord avec la "taxe Chirac" et a proposé un fonds alimenté par des taxes sur les flux financiers et l'argent caché dans les paradis fiscaux. D'autres propositions de la même eau ont été proposées. Au point que le président tanzanien a demandé pourquoi imaginer toutes ces mesures, au lieu de respecter les engagements d'aide au développement pris antérieurement.

Bill Gates, patron de Microsoft et homme le plus riche du monde, s'est indigné du "paradoxe de voir les progrès fantastiques de la recherche médicale alors que malaria et paludisme s'abattent de nouveau sur l'Afrique". Malaria et paludisme, c'est une seule maladie, mais qui n'a cessé de frapper la population africaine. Sharon Stone a collecté un million de dollars pour acheter des moustiquaires. L'ex-président américain Clinton a confirmé que l'argent existait: "Bush a bien demandé 80 milliards de dollars sur un an pour l'Irak", a- t-il dit.

Le Premier ministre socialiste anglais, Tony Blair, a dit qu'il fallait "doubler l'aide, annuler la dette, s'attaquer résolument à la solution des conflits et à l'éradication des grandes maladies". On croirait ces choeurs d'opéra qui chantent inlassablement "Courons, courons, le temps presse!" et ne bougent pas d'un pas.

Jeffrey Sachs, le coordinateur d'un rapport lancé en 2000, qui prévoyait de diminuer de moitié la famine et la pauvreté d'ici 2015, a ramené tous ces beaux discours à leur juste place quand il a dit: "Pouvons-nous au moins convenir d'une chose? Nous retrouver ici à Davos dans deux ans pour faire le point sur l'éradication du paludisme?" Il n'est même pas sûr que dans deux ans la situation aura sensiblement changé. Mais cela donnera au moins une nouvelle fois l'occasion aux riches et à leurs représentants de parler de la pauvreté!

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