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- Lutte ouvrière n°1905
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Leur société
Enseignement : Des raisons d'être dans la rue le 5 février... et après
Dans plusieurs régions, des établissements scolaires sont en grève ou occupés par les parents. Des manifestations locales ont rassemblé par exemple 4000 personnes à Strasbourg, en majorité des lycéens, 2000 à Nancy ou à Marseille. Les différents Rectorats voient défiler des lycées en lutte, Paul Éluard à Saint-Denis ou Michelet à Vanves, dans la région parisienne, Turgot et Voltaire à Paris.
Dans les écoles touchées par les fermetures, des parents se mobilisent. Le mouvement n'est certes pas général, mais beaucoup parlent de se retrouver ensemble dans la rue le 5 février pour dénoncer la politique du gouvernement contre l'Éducation.
Les raisons d'être mécontents ne manquent pas. Pour la rentrée prochaine, dans le primaire, 700 postes seulement sont créés pour une augmentation de 51 400 élèves (curieusement le gouvernement ne retient pas la prévision d'effectifs pour le 1er degré de 65 700 élèves) alors qu'il aurait fallu en créer 2000 de plus, simplement pour maintenir le taux d'encadrement actuel. Le taux d'enfants scolarisés à l'âge de deux ans diminue: il est déjà passé de un tiers en 2001 à un quart en 2004, d'après les syndicats. Les effectifs par classe battent les records dans certains endroits: plus de 31 en maternelle ou en élémentaire. Et la situation ne va pas s'améliorer à la rentrée prochaine, si le gouvernement ne revient pas sur ces décisions.
Dans le secondaire, la prévision d'une baisse de plus de 40000 élèves justifie, aux yeux du gouvernement, la suppression de plus de 5 500 emplois d'enseignants pour la rentrée 2005. Les conséquences seront désastreuses pour l'éducation des jeunes: des options supprimées, des heures consacrées au travail en petits groupes qui disparaîtront, des sections entières qui seront éliminées, d'autres qui seront bourrées à 35 ou 40 élèves. Dans l'Est de la France, à Sarrebourg, un lycée professionnel risque de voir ainsi une filière entière de BEP supprimée. Les élèves qui voulaient suivre cette formation devront aller dans un autre lycée situé à des dizaines de kilomètres ou... faire autre chose.
Le nombre d'enseignants qui effectuaient des remplacements continue à diminuer si bien que les enseignants malades seront encore moins remplacés qu'ils ne l'étaient déjà durant cette année scolaire. Le délai d'attente d'un remplacement estimé par les syndicats était déjà en moyenne de trois semaines en 2003-2004. Quant aux autres personnels, tout aussi indispensables au fonctionnement d'un établissement scolaire, ouvriers et personnels de service, assistantes sociales, infirmières scolaires, leur nombre diminue aussi. Ainsi , pour le personnel administratif, il est prévu de supprimer 800 postes, en plus des 1100 de 2004. Depuis des années, les gouvernements successifs pratiquent cette politique d'économies. Des mouvements de grève ont permis ici ou là d'arrêter l'hémorragie, voire même de gagner des moyens dans certains établissements, ou même au niveau d'un département, comme dans le cas de la Seine-Saint-Denis en 1998. Mais la tendance générale reste tout de même à la restriction. D'ailleurs, ce que représente le budget de l'Éducation nationale par rapport au PIB, c'est-à-dire à la richesse produite à l'échelle nationale, ne cesse de baisser depuis des années, passant de 7,8% au début des années 90 à 7,1% aujourd'hui. La baisse des moyens est en réalité plus importante encore car le budget de l'Éducation nationale comprend des salaires qui augmentent au fil des années avec l'ancienneté et des pensions qui augmentent avec le nombre croissant de retraités. Cette augmentation mécanique ne traduit donc pas une augmentation des effectifs de l'Éducation nationale.
Il serait donc temps d'inverser la tendance pour que la société consacre, au contraire, une part de plus en plus grande de la richesse produite à l'éducation de sa jeunesse.