SNCM Marseille : Contraindre la direction à remballer ses menaces03/02/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/02/une1905.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNCM Marseille : Contraindre la direction à remballer ses menaces

Alors que rien n'est clairement dit, tout concourt à persuader les travailleurs de la SNCM qu'il va falloir supprimer 210 emplois et, sans doute, privatiser la Compagnie en totalité ou en partie.

La SNCM, qui assure les relations maritimes avec le Maghreb et la Corse, possède onze navires soit cinq ferries, quatre cargos mixtes et deux Navires à Grande Vitesse (NGV). Une convention avec l'État lui donne pour mission d'assurer la "continuité territoriale" avec la Corse, c'est-à-dire un coût des voyages équivalant au coût kilométrique de la SNCF. En compensation, elle reçoit 66 millions d'euros de subventions de l'État par l'intermédiaire de l'Office des Transports de la Corse (l'OTC).

Depuis des mois, la direction fait courir des bruits. Il a été question d'un projet de suppression de 400 emplois. L'entreprise aurait connu une année désastreuse. Pourtant en 2003 le trafic assuré par la SNCM avait battu des records et les années précédentes avaient été bonnes. Les grèves de l'automne 2004 auraient aggravé les choses. À cause de la Commission européenne, il ne serait plus possible de faire appel à un financement de l'État pour combler le déficit évalué en 2004 à 28 millions d'euros. Enfin la Compagnie ne serait pas en mesure de l'emporter lors de l'appel d'offres qui, en décembre 2006, remettra en cause le service des relations maritimes avec la Corse.

L'Assemblée de Corse doit, le 3 février, débattre du cahier des charges qui sera imposé lors de cet appel d'offres. D'après le journal Corse-Matin du 26 janvier une norme de "service minimum garanti" y serait intégrée.

Mercredi 26 janvier, le lendemain d'un comité interministériel où il était question de l'avenir de la SNCM, se tenait à Marseille un Comité d'entreprise extraordinaire. Suspendu, celui-ci doit se poursuivre le 9 février. Le PDG propose la suppression de 210 emplois (équivalents temps pleins) dont 95 permanents en CDI. Ces départs se feraient sur la base du volontariat et des départs à la retraite. Entre autres, le NGV (Navire à Grande Vitesse) l'Asco serait vendu.

Une privatisation au moins partielle de la SNCM serait prévue. L'importante compagnie de navigation privée de Jacques Saadé, la CMA-CGM, dont le siège est à Marseille, serait éventuellement intéressée, paraît-il, par la reprise des lignes de transport vers le Maghreb. Les relations avec le Maghreb auraient assuré la moitié des recettes de la SNCM en 2004, et le nombre de passagers ainsi que le fret y sont en augmentation continue.

Toutes ces informations, distillées semaine après semaine, ont pour but de créer une telle inquiétude que n'importe quelle issue serait finalement ressentie avec soulagement. Pourtant dans tout cela il y a beaucoup de mensonges et d'affirmations gratuites.

Tout d'abord, en admettant que pendant ces deux ou trois dernières années l'entreprise ait connu un déficit, que sont devenus les amples bénéfices des années précédentes? D'ailleurs ces déficits, que recouvrent-ils? Ces dernières années, la compagnie a acheté plusieurs navires très grands et très chers. Elle a donc dû emprunter; à quels taux et à quelles banques?

Manifestement, tout cela vise à faire accepter de nouvelles suppressions d'emplois dans le personnel d'exécution. Par contre les embauches de directeurs ont été nombreuses ces dernières années. Ces suppressions d'emplois semblent bien destinées à préparer la privatisation de la compagnie, et sans doute une privatisation par morceaux.

On nous affirme que l'État ne peut plus verser d'argent à cause des décisions européennes. Mais le gouvernement français a déjà décidé de passer outre bien des règlements européens. Il n'est guère embarrassé par exemple pour dépasser les 3% de déficit budgétaire, en principe indépassable. Qu'un mouvement de grève suffisamment puissant le mette en difficulté, et lui impose de financer ce service public qu'est la liaison entre l'île et le continent, et il trouverait les arguments, voire même les règlements pour le faire.

Il y a deux ans quand déjà 300 emplois avaient été supprimés, et que l'appel d'offres avait désigné la SNCM pour assurer la "continuité territoriale", on avait affirmé aux salariés que tout était réglé jusqu'au prochain appel d'offres de décembre 2006, or tout est remis en cause dès février 2005.

Il ne faut donc pas faire confiance aux promesses, tout juste destinées à désarmer les travailleurs. Alors c'est bien par la lutte que les travailleurs de l'entreprise pourront imposer le maintien des emplois menacés.

Après s'être vu refuser la table ronde qu'elles préconisent, les organisations syndicales CGT, FO, CFE/CGC et CFTC appelaient à 24 heures de grève le 3 février, le jour de la réunion de l'Assemblée de Corse. Souhaitons que ce soit le début d'une lutte faisant reculer la direction.

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