Bénéfices des grandes entreprises : Les actionnaires sont comblés10/08/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/08/une1932.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Bénéfices des grandes entreprises : Les actionnaires sont comblés

À ceux qui nous disent que les entreprises seraient «écrasées de charges», «paralysées par le droit du travail», «minées par la concurrence internationale», les résultats semestriels des grandes entreprises françaises apportent un net démenti.

Arcelor, France Télécom, Renault, BNP Paribas et autres Total, la plupart des entreprises du CAC 40 (l'indice boursier français établi sur l'évolution des actions en Bourse des quarante plus grosses sociétés de l'hexagone) viennent d'annoncer de très bons résultats pour le premier semestre 2005, avec des profits bien souvent supérieurs aux pronostics des boursicoteurs.

Les profits semestriels de Renault par exemple atteignent 2,2 milliards. Alcatel a connu un excellent deuxième trimestre, avec un doublement de son résultat. France Télécom, lui, a triplé le sien, qui atteint 3,4 milliards d'euros, et se lance dans le rachat de la société espagnole Amena. Les profits de BNP Paribas dépassent aussi les 3 milliards d'euros tandis qu'Adidas augmente les siens de 50% et rachète son concurrent américain Reebok. EADS voit son chiffre d'affaire progresser de 10% et ses profits augmenter de plus de 100%. Et surtout, Total bat tous les records avec des profits atteignant presque 6 milliards d'euros, en hausse de 41% par rapport à l'année précédente. Cette entreprise, qui avait déjà réalisé le meilleur résultat de son histoire en 2004, bénéficie de la hausse des prix du pétrole: toute hausse d'un dollar par baril lui permet d'engranger 200 millions d'euros de profits supplémentaires...

Mais au-delà de cette explication conjoncturelle, les bons résultats de Total comme des autres grandes entreprises viennent pour une grande part de gains de productivité, quand une entreprise réalise la même production avec moins d'ouvriers, de l'abandon de toutes les activités jugées insuffisamment rentables, de rachats d'entreprises et donc de parts de marché, comme pour France Télécom en Espagne. Ils viennent aussi parfois d'une réduction volontaire de la production qui, créant une pénurie artificielle, garantit des prix élevés, voire en progression, comme pour Arcelor. Après avoir profité d'un boom mondial de l'acier, ce sidérurgiste a volontairement réduit de 1,5 million de tonnes sa production et compte poursuivre cette politique au troisième trimestre 2005.

Mais plus encore qu'à ces petites combines, la progression des profits est due à une exploitation accrue des travailleurs. La richesse de quelques-uns se nourrit du vol opéré sur le travail du plus grand nombre, à travers la distribution de dividendes toujours plus grands aux actionnaires. De ce point de vue, le résultat est atteint au-delà des espérances des actionnaires! Les dividendes qui seront distribués en 2006 par les entreprises du CAC 40 au titre des résultats de 2005 devraient dépasser les 26 milliards d'euros et être en hausse de 18% par rapport à l'année précédente (22,3 milliards). En 2005, ils étaient déjà en hausse de plus de 30%. On est bien loin des hausses (mais peut-on décemment parler de hausses ?) qu'ont connues les salaires dans le même temps!

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