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Grande-Bretagne : Blair et sa «guerre contre le terrorisme»
Malgré tous les efforts du gouvernement pour se servir des victimes des attentats du 7juillet à Londres pour souder l'opinion publique derrière sa politique guerrière en Irak et en Afghanistan, au nom de la «guerre contre le terrorisme», ces attentats, comme les attentats manqués du 21juillet, ont avant tout confirmé ce que bien des Anglais pensaient: à savoir qu'un jour ou l'autre la politique de Blair entraînerait de telles actions et qu'en Angleterre, comme à Kaboul ou à Bagdad, les victimes seraient des civils innocents, comme ceux assassinés là-bas par les bombes anglaises ou américaines.
Et la suite des événements n'a pas contribué à rallier l'opinion britannique à la cause gouvernementale.
Après l'assassinat par les sbires des services secrets britanniques, le 22juillet dernier, de Joao-Carlos de Menezes, un jeune électricien brésilien qui se rendait à son travail, le chef de la police a révélé la consigne dite du «tirer pour tuer». Ce policier plein de zèle répressif a ajouté qu'il fallait s'attendre à d'autres «erreurs dramatiques de ce genre» et a fait savoir qu'il souhaitait voir le délai de garde à vue «au secret» passer de quatorze jours à quatre mois dans le cadre de la loi antiterroriste (loi qui a déjà été utilisée, par exemple, contre des manifestants pacifistes qui n'avaient rien de terroristes!).
Enfin, les Londoniens ont assisté avec stupeur, et surtout appréhension, à un incroyable déploiement de forces de policiers lourdement armés, omniprésents dans les transports londoniens.
Tous ces événements ont choqué. Entretenir une telle atmosphère policière peut certainement aider le gouvernement à accentuer la peur que suscite le danger bien réel de nouvelles actions terroristes, dans un pays où l'intégrisme religieux est très actif, en partie grâce aux largesses d'un État qui s'est toujours servi des forces religieuses les plus réactionnaires pour encadrer les minorités immigrées sur son territoire.
Tony Blair a présenté, vendredi 5 août, une série de mesures qu'il envisage pour lutter contre le terrorisme, en prévenant que «les règles du jeu ont changé». Il pourrait, par exemple, réviser les lois existantes, pour faciliter les expulsions de ceux jugés indésirables. Un étranger ayant entretenu des liens avec des sites internet, des librairies ou des centres religieux jugés extrémistes pourrait ainsi être expulsé. Les naturalisés pourraient perdre la nationalité britannique. Quant aux citoyens britanniques, ils seraient soumis à des contrôles renforcés, voire à la détention en cas de violation de ces contrôles. Des auditions judiciaires auraient lieu avec un seul juge et sans jury. Autant de mesures répressives dont l'efficacité contre le terrorisme est discutable mais qui, si elles sont finalement mises en oeuvre, pourraient être utilisées demain contre des travailleurs anglais combatifs.
Mais il y a bien peu de chances que Blair parvienne ainsi à convaincre la population que le fait de conserver des troupes britanniques en Afghanistan et en Irak justifie de lui faire courir de tels risques en vies humaines et de lui imposer un régime de plus en plus policier.