Que des incendies éclatent en été dans le midi, ce n'est pas le plus surprenant. Que, chaque année, les pouvoirs publics feignent de découvrir l'ampleur que cela peut prendre, ce n'est pas non plus surprenant: il y a bien d'autres domaines, en matière de services publics, où l'État ne remplit pas, ou bien mal, le rôle qui devrait être le sien.

Cet été encore, on a donc vu des dizaines de milliers d'hectares de forêts partir en fumée, des habitations aussi, situées dans des endroits dangereux, ou devenus tels parce que mal entretenus ou habités seulement quelques mois par an. À nouveau, des pompiers ont trouvé la mort, cette fois à Calvi, dans le crash de leur Canadair. Dans l'attente des résultats de l'enquête sur ce drame, ces avions anti-incendie restent au sol. Cela complique encore la tâche des pompiers, qui semblent d'ailleurs peu nombreux, au point que certains ont déclaré n'avoir dormi que quelques heures en quatre jours et que le porte-parole des pompiers des Bouches-du-Rhône a déclaré: «C'est l'ensemble des moyens qu'il faut augmenter».

Faudrait-il plus d'avions, plus de pompiers civils ? Mais, rétorquent les autorités, ils ne seraient utilisés que quelques semaines par an, et cela coûterait fort cher à la collectivité. La belle affaire! Depuis quand ceux qui nous gouvernent exigent-ils la même chose de l'armée, par exemple ? Depuis plus d'un demi-siècle, où et quand cette armée aurait-elle trouvé à être employée d'une façon qui, même de loin, ait l'air d'une défense de la population ? Aucun ministre ne s'aviserait de poser la question, tant la réponse est évidente: cela fait des dizaines d'années que l'armée gaspille l'argent public, car le fait de servir à subventionner les fabricants d'armement ne peut en aucun cas être assimilé à une oeuvre d'intérêt public.

Sur le site internet du SIRPA, le service d'information des armées, on apprend que, parmi leurs missions, les pompiers militaires de l'armée de l'air ont celles d'«intervenir contre les feux de forêt». Le SIRPA cite, en s'en félicitant, un cas de coopération entre pompiers civils et militaires, en temps normal. Mais, au fait, quand a-t-on vu pour la dernière fois l'armée de l'air mettre ses énormes moyens au service de la lutte contre les incendies dans le Midi ?