Travail saisonnier : Exploitation accrue10/08/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/08/une1932.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Travail saisonnier : Exploitation accrue

Le travail saisonnier concerne chaque année environ 1,2 million de salariés en France, dont 420 000 dans le tourisme et 800 000 dans l'agriculture.

Les «contrats saisonniers» constituent une catégorie de CDD particulièrement avantageuse pour les patrons. D'une durée de huit mois maximum, ils ne sont concernés ni par le délai de carence entre deux contrats, ni par l'indemnité de précarité. Ils peuvent être renouvelés sans donner lieu à une requalification en CDI. Une revue patronale vantant les avantages de ce type de contrat pour les employeurs citait le cas d'un salarié recruté chaque saison depuis 22 ans qui s'est vu refuser la requalification en CDI de son CDD saisonnier.

Les salaires des saisonniers sont particulièrement bas: le SMIC horaire, et parfois le SMIC agricole, encore plus bas. Quand les récoltes sont payées au rendement, certains n'atteignent même pas ce SMIC. Le libellé d'une annonce de l'ANPE présentant le travail de la récolte de pommes est édifiante: «Il faut allier rapidité et dextérité dans l'exécution pour atteindre le rendement journalier. (...) La rémunération est basée sur le SMIC agricole: 7,61 euros/h. Il n'y a pas de possibilité d'hébergement sur les exploitations et la nourriture n'est pas assurée. Les vergers étant éloignés des gares ou stations d'autobus, il est souhaitable d'avoir un véhicule de locomotion».

Les employeurs peuvent aussi faire appel à des travailleurs étrangers au travers de contrats OMI (Office des Migrations Internationales).

13 500 travailleurs originaires du Maroc, de la Tunisie ou de la Pologne sont ainsi embauchés pour travailler en France durant 6 à 8 mois. Ils n'ont droit ni au regroupement familial ni à une carte de séjour. Ils cotisent aux ASSEDIC mais n'ont pas droit au chômage. À la fin de leur contrat, ils n'ont que 10 jours pour quitter le territoire, et sont soumis au chantage du patron pour obtenir la réembauche l'année suivante.

La récente grève de travailleurs OMI employés dans des vergers des Bouches-du-Rhône (voir LO n°1929 et 1930) a révélé les conditions de vie et de travail déplorables imposées à cette catégorie de salariés particulièrement vulnérable.

Mais quels que soient les emplois saisonniers, dans le tourisme comme dans l'agriculture, les horaires légaux sont rarement respectés, les heures supplémentaires souvent non déclarées, réglées de la main à la main à un taux inférieur au SMIC... quand elles sont payées!

Le problème du logement est significatif. Dans les stations balnéaires ou les stations de ski où sont employés les saisonniers du tourisme, le logement n'est généralement pas fourni par l'employeur et les loyers restent inaccessibles à des smicards! Comme les logements sociaux sont insuffisants, certains patrons vont même jusqu'à proposer aux salariés saisonniers de dormir sur la plage à proximité du matériel pour le surveiller pendant la nuit, proposant généreusement en échange de ce travail supplémentaire de «veilleur de nuit» une petite augmentation de salaire!

Les travailleurs saisonniers sont des proies particulièrement faciles pour ces rapaces que sont les patrons. Mais les saisonniers qui travaillaient sur des domaines dans les Bouches-du-Rhône ont montré que la lutte collective pouvait obliger les patrons à reculer et à tenir compte des droits des salariés. Une leçon à suivre...

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