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Leur société
Colonies de vacances : Animateurs pas cher payés
Un arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne a donné raison au syndicat Solidaires Isère, qui dénonçait les conditions de travail des animateurs de colonies de vacances. Leur contrat ne respecte pas le droit du travail puisqu'il ne prévoit ni repos quotidien, ni période équivalente de repos compensateur.
Près d'un million d'enfants partent chaque année en « colo ». Pour beaucoup d'entre eux, ce sont souvent les seules vacances que leurs parents peuvent leur offrir. C'est essentiellement le secteur associatif, lié aux municipalités, qui organise ces vacances.
Pour la plupart des animateurs, c'est un travail d'été, pas très bien payé. Le salaire se réduit souvent à ce que prévoit le « contrat d'engagement éducatif » : une rémunération minimum de deux heures de smic par jour. Et cela pour une disponibilité horaire 24 heures sur 24.
Le Conseil d'État et la Cour européenne n'ont pas retenu l'aspect salarial, mais seulement l'amplitude horaire... Évidemment, respecter le droit au repos de ces travailleurs saisonniers signifierait embaucher plus d'animateurs. Le président de Telligo, une entreprise privée de colonies de vacances, en bon patron qu'il est, ne s'y trompe pas, et il dénonce rien de moins que le « choc culturel » (!) que serait pour les enfants le fait d'avoir plus d'animateurs. 38 députés UMP sont d'ailleurs montés au créneau. Afin d'échapper à la directive européenne, ils ont déposé cet été une proposition de loi qui définit l'animation en colonies et centres de vacances comme une activité reposant « sur le volontariat », exercée « à titre occasionnel et saisonnier dans des conditions qui lui sont propres ». Pour appuyer ces raisonnements, on trouve tout un arsenal d'arguments mettant en avant l'investissement personnel et l'abnégation des animateurs, « l'aventure humaine » que représente une colonie... Avec cela, on se dirige tout droit vers le bénévolat et les oeuvres de charité !
Derrière tout cela se cache surtout l'absence de volonté et d'argent pour rendre des vacances accessibles au plus grand nombre, avec un encadrement de qualité. Les associations et les municipalités ne pouvant pas suivre, il faudrait que l'État mette la main au porte-monnaie pour autre chose que les aides aux banques et au grand patronat... De quoi parler alors de « choc culturel »!