En ouvrant la radio en début de semaine, bien des travailleurs ont eu un choc en entendant la nouvelle diffusée : madame Bettencourt, associée à une pléiade de PDG et de très gros actionnaires, réclamait d'être taxée par le gouvernement ! Que leur avait-il pris ?

Prise de remords, Madame Bettencourt allait-elle rendre les centaines de millions d'euros d'avantages en tous genres, pris dans la poche du reste de la population, qu'elle a reçus de l'État ces dernières années ? Le PDG de Total a-t-il honte d'avoir fait les poches de millions d'automobilistes en engrangeant des milliards de profits et veut-ils les leur rendre ? Le PDG de Veolia-Environnement est-il lui aussi pris de remords d'avoir détroussé des millions d'habitants à travers le racket de l'eau ? Celui de la Société générale, lui, des milliards de facilités pris sur le budget de l'État ? Et puis eux, comme leurs autres partenaires signataires de cet appel, les PDG de PSA, d'Air France, de Danone, ont-ils des remords soudains d'avoir supprimé des dizaines de milliers d'emplois simplement pour arrondir leurs revenus et celui de leurs actionnaires ? Eh bien qu'on se rassure, et qu'on revienne sur terre, ce n'est pas de tout cela qu'il s'agit.

Voilà la teneur essentielle de cet appel :

« Nous, présidents ou dirigeants d'entreprises, hommes ou femmes d'affaires, financiers, professionnels ou citoyens fortunés, souhaitons l'instauration d'une "contribution exceptionnelle" (souligné par eux) qui toucherait les contribuables les plus favorisés. Cette contribution serait calculée dans des proportions raisonnables (souligné par nous), dans le souci d'éviter les effets économiques indésirables tels que la fuite des capitaux ou l'accroissement de l'évasion fiscale. »

En clair, prenez-nous un petit quelque chose, et pas trop gros si vous ne voulez pas qu'on fraude le fisc encore plus qu'avant. Mais ils continuent :

« Nous sommes conscients d'avoir pleinement bénéficié d'un modèle français et d'un environnement européen auxquels nous sommes attachés et que nous souhaitons contribuer à préserver. (On les comprend). Cette solution n'est pas une solution en soi : elle doit s'inscrire dans un effort de réforme tant sur les dépenses que les recettes. »

Cette fois la messe est dite ! Cette bande de riches demandent qu'on les ponctionne, symboliquement, en vue de faire passer la potion des sacrifices sans nom qu'il va falloir faire accepter à tout le reste de la population, celle qui ne fait pas partie des « PDG, financiers » et autres « citoyens fortunés »...sacrifices dont ils seront les bénéficiaires, cela va de soi. Cela s'appelle, en termes de règle commerciale et industrielle, un retour sur investissement. Mais là, dans des proportions dignes du loto.