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Leur société
Accord sur la compétitivité : Les directions syndicales dédouanent le gouvernement
« Il ne faudrait pas que le gouvernement se cache derrière les partenaires sociaux », déclare Laurent Berger, nouveau secrétaire national de la CFDT, à propos des discussions engagées par les syndicats avec le Medef sur les retraites complémentaires.
Ce propos ne manque pas de sel, de la part du dirigeant du principal syndicat signataire de l'accord du 11 janvier dernier, qui permet au gouvernement de se cacher derrière les confédérations syndicales pour mener une vaste offensive portant atteinte au peu de protection légale dont disposent les travailleurs en matière de licenciements, de salaire, de mobilité.
Sitôt la signature de l'accord par la CFDT, la CFTC et la CGC le 11 janvier, Hollande avait félicité dans un même élan les directions syndicales de salariés et le Medef, considérés comme des « partenaires », expression qui dit bien les choses, même si on y ajoute le qualificatif de « sociaux ». En acceptant d'être des partenaires du Medef dans une prétendue négociation, l'ensemble des confédérations syndicales qui y ont participé ont retiré au gouvernement une sacrée épine du pied. Elles lui ont évité d'apparaître seul aux côtés du patronat dans la remise en cause des droits essentiels des salariés.
Le fait que deux confédérations syndicales, la CGT et FO, n'aient pas signé, n'empêche pas le gouvernement de considérer cet accord comme acquis. Et c'est en toute sérénité qu'il s'apprête à le faire adopter par l'Assemblée nationale, après quoi il s'appliquera à l'ensemble des salariés du pays.
La CGT « attend du gouvernement un projet de loi d'une tout autre nature, qui protégerait les salariés contre les licenciements et la précarité », déclare de son côté la direction de la CGT. Or Hollande a annoncé on ne peut plus nettement la couleur en demandant « un projet de loi afin de transcrire fidèlement les dispositions d'ordre législatif prévues dans l'accord ». Le ministre du Travail, Michel Sapin, s'est dit confiant dans cette transposition et le président du groupe des députés socialistes, Bruno Le Roux, a assuré que ce sera fait de « façon précise, fidèle, loyale ».
Dans un dépliant diffusé largement, la CGT précise à quel point l'accord du 11 janvier marque un recul pour les droits des travailleurs. Par exemple, y lit-on, « le texte met en place les accords compétitivité-emploi que Nicolas Sarkozy voulait imposer sans avoir pu les mettre en place. Modifier le temps de travail et baisser les salaires durant deux ans sans garantie de maintien des emplois serait désormais possible. » Cependant, dans le même dépliant, Bernard Thibault appelle le gouvernement socialiste à prendre en compte le rejet de cet accord par les syndicats qui représentent bien plus de salariés que les syndicats signataires. À l'issue d'une rencontre avec le Premier ministre Jean-Marc Ayrault le 18 janvier, il a ajouté : « Quelque chose me dit que, d'une manière ou d'une autre, ce ne sera pas intégralement le texte de l'accord qui figurera dans la loi. (...) Nous allons avoir des séances de travail très concrètes avec le ministère du Travail pour regarder le texte dans le détail. »
Comme si l'essentiel résidait dans des détails ! Comme l'explique très clairement ce texte de la CGT, c'est sur le fond que cet accord scélérat impose un recul aux droits des salariés. Les rectifications sur tel ou tel détail serviront tout au plus à faire mieux passer la pilule. Ce qu'il faut, c'est rejeter cet accord scélérat.