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- Lutte ouvrière n°2322
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Leur société
Nathalie Arthaud en Guadeloupe et Martinique : À la rencontre des travailleurs
Du 17 au 27 janvier, notre camarade Nathalie Arthaud a fait un voyage en Guadeloupe et en Martinique pour saluer les camarades de Combat Ouvrier qui ont relayé sur place sa campagne à la présidentielle et qui ont défendu ensuite ce même programme de lutte aux élections législatives.
Cela a aussi été une occasion de rencontrer bien des travailleurs. Elle a pu visiter la dernière usine sucrière de la Guadeloupe, l'usine Gardel, au Moule. Elle était à l'arrêt, les travailleurs de la canne étant en grève pour revendiquer une augmentation des salaires, comme ils le font à chaque négociation annuelle. La campagne de récolte de la canne a ainsi été bloquée dix jours, le temps que le patronat de la canne accorde la principale revendication des ouvriers : 55 euros brut sur les salaires mensuels, l'évolution des grilles d'ancienneté et des tickets-repas. Une avancée ressentie comme une victoire par les ouvriers du secteur.
Dans plusieurs plantations de bananes se déroulaient aussi des grèves. Heures supplémentaires non payées, salaires versés aux trois quarts, charge de travail insupportable, droits des travailleurs bafoués, chasse aux syndicalistes : l'exploitation y est, par bien des aspects, celle d'un autre temps. C'est sur une de ces plantations en grève pour le versement de la prime de fin d'année que Jean-Marie Nomertin, militant de Combat Ouvrier et aussi dirigeant de la CGTG, a été agressé le 16 janvier par le patron. À peine arrivé sur les lieux, il n'a pas eu le temps de descendre de sa voiture que le gérant lui a foncé dessus à trois reprises avec son pick-up 4x4. En Guadeloupe, quand les patrons voient rouge, ils n'y vont pas par quatre chemins ; mais les travailleurs font face et ils savent rendre les coups.
Notre camarade a aussi eu l'occasion d'aller soutenir les jeunes du journal Rebelle ! puisqu'un jeune militant du journal et de Combat Ouvrier devait comparaître au tribunal correctionnel de Pointe-à-Pitre le 18 janvier. Finalement la séance a été reportée, mais il lui est reproché, comme à un autre militant, d'avoir prétendument proféré des menaces à l'encontre de policiers lors d'un rassemblement de jeunes lycéens. Cette accusation est un mensonge grossier et cache mal le fait que les proviseurs, comme le préfet, veulent faire taire ce journal qui les dérange parce qu'il dénonce l'autoritarisme et les brimades répétées des chefs d'établissements comme le manque de moyens donnés aux établissements scolaires.
Tous ces gens-là voudraient pouvoir dresser les jeunes, les faire marcher à la baguette. Et pour cause ! Quand il y a 60 % de la jeunesse qui est au chômage et que tout ce qu'on lui propose ce sont les petits boulots et la survie avec 400 euros, 500 euros, il y a de quoi avoir peur des jeunes !
Alors, oui, les travailleurs de la Guadeloupe comme de la Martinique sont confrontés aux mêmes problèmes que ceux de France, mais en pire encore parce que le chômage, les petits boulots, la cherté des prix y atteignent des records et parce qu'au mépris patronal s'ajoute le mépris raciste hérité de l'esclavage et du colonialisme.
Ce séjour, ponctué aussi de conférences de presse et d'interviews, s'est terminé par un meeting aux Abymes près de Pointe-à-Pitre.