Une taxe « Tobin » européenne ? de la poudre aux yeux30/01/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/02/une2322.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Une taxe « Tobin » européenne ? de la poudre aux yeux

L'Union européenne vient d'autoriser onze pays membres, parmi lesquels la France et l'Allemagne, à lancer une taxe sur les transactions financières (TTF), une sorte d'ersatz de la taxe Tobin. L'accouchement est particulièrement difficile : cette autorisation survient après trente mois de tergiversations, et il va encore falloir un ou deux ans pour que la TTF entre en application dans les pays concernés, si elle prend corps.

Car les gouvernements de ces pays vont maintenant devoir s'entendre sur un projet détaillé. Ils semblent à peu près d'accord sur le taux (0,1 % sur les actions et les obligations, et 0,01 % sur les produits dérivés), ainsi que sur la « territorialité » : quel que soit le lieu de la transaction, la taxe devrait s'appliquer dès lors que l'acheteur ou le vendeur est installé dans l'un des pays qui l'ont adoptée. Le sujet, et ce n'est pas le moindre, sur lequel ils risquent en revanche de se diviser est l'utilisation de la somme récoltée, 10 à 30 milliards d'euros selon les estimations : les autorités de l'Union européenne voudraient en utiliser tout ou partie pour financer le budget européen, alors que chacun des États rivalise d'idées diverses et variées concernant l'emploi de ces quelques milliards !

Les dirigeants politiques des onze pays concernés font mine de croire que cette taxe va freiner la spéculation. La Commission européenne y voit « une étape historique » et Benoît Hamon, ministre français de l'Économie dite « solidaire », annonce « une taxe qui commence à dessiner ce qu'est le monde post-Lehman Brothers ».

Le cas de la France, où une taxe similaire existe depuis août 2012, démontre le contraire. Elle avait été voulue par Sarkozy, pour redorer son blason en pleine campagne présidentielle, puis légèrement augmentée (passant de 0,1 à 0,2 %) par le gouvernement socialiste quelques mois après son arrivée au pouvoir. Résultat : une malheureuse somme de 250 millions, au lieu de 460 millions escomptés, a été récoltée pour l'année 2012, selon le journal Marianne.

Quant à lutter contre la spéculation, cette taxe est sans effet. Comme le disait un investisseur au moment de son adoption, « à 0,2 % par action, cela n'aura pas de grands impacts sur les volumes traités. Lorsque nous investissons, nous visons en moyenne 10 % de gains ». Un franc-parler fort éloigné des boniments de nos dirigeants politiques.

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