Clermont-Ferrand : Pour des centaines de sans-logis et de sans-papiers, deuxième semaine dans la rue11/09/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/09/une2354.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Clermont-Ferrand : Pour des centaines de sans-logis et de sans-papiers, deuxième semaine dans la rue

Samedi 7 septembre, près de 500 personnes ont encore manifesté, pour la quatrième fois en une semaine, en soutien à des familles qui campent place de Jaude, réclamant « Un toit, c'est un droit » et « Des papiers pour tous. »

Venues d'Europe centrale et d'Afrique de l'Ouest, environ trois cents personnes, dont une moitié d'enfants, espèrent obtenir en France des papiers, un toit et un travail. Il y a là aussi des femmes seules avec enfants et des victimes de violences conjugales. Les associations, dont RESF (Réseau éducation sans frontières), les Restos du coeur, le Secours populaire, les aident comme elles peuvent. Mais leurs moyens sont de plus en plus limités, alors que les demandes d'hébergement augmentent continuellement.

L'État est responsable de cette situation, lui qui refuse d'accorder le budget promis aux associations. Ainsi, pour le seul département du Puy-de-Dôme, l'ANEF, l'association chargée officiellement de gérer le 115, n'a été remboursée qu'à hauteur de 5 % des 2,3 millions d'euros qu'elle a dépensés depuis le début de l'année rien que pour payer les nuits d'hébergement en hôtel. Dès le mois d'octobre 2012, elle avait tiré la sonnette d'alarme, craignant déjà de ne plus pouvoir assurer sa mission. C'est ce qui est arrivé et des dizaines de familles se retrouvent à la rue.

Pourtant, d'après les associations, il existe 5 500 logements inoccupés dans Clermont-Ferrand et la banlieue proche. Sur la place de Jaude, les familles sont installées de façon précaire : l'eau arrive par des tuyaux branchés sur des immeubles voisins ou des bornes publiques. Il y a des toilettes sèches, une tente médicalisée avec un personnel médical bénévole qui se relaie. La cuisine en plein air est installée sur des palettes, protégée par des cartons. Des militants d'associations, de syndicats, d'organisations de gauche et d'extrême gauche, tous bénévoles, viennent préparer des repas avec des produits apportés par la population.

L'ambiance est bonne. Aidés par des associations ou des parents d'élèves, les enfants réussissent le tour de force d'aller à l'école, tout en revenant passer la nuit dans ce campement. Leurs enseignants du primaire ou des collèges viennent rendre visite à leurs parents, touchés par ce geste.

Ce sont toutes ces formes de solidarité qui jusqu'ici ont fait renoncer les autorités à faire évacuer la place par la police. La préfecture multiplie cependant les mises en garde et compte sans doute sur la lassitude et le mauvais temps pour que la place se vide peu à peu. Avec le froid et la pluie, une famille sur trois a quitté le campement dimanche 8 septembre pour s'abriter dans un gymnase.

Le préfet de région multiplie les critiques à l'encontre des associations, les accusant de manipuler les sans-abri. Il va jusqu'à « regretter que des groupes fassent obstacle au travail social engagé » ! Sur le conseil d'avocats clermontois habitués à défendre les sans-papiers, le tribunal administratif a été saisi en référé-liberté. Cela veut dire, selon le Conseil d'État, que « l'État doit mettre en oeuvre le droit à l'hébergement d'urgence [...] pour toute personne sans abri ». Suite aux 24 demandes déposées par les familles, 16 ont été acceptées par le tribunal. Celui-ci a donc aussitôt ordonné au préfet de trouver les moyens de les reloger dans les 72 heures.

Ce n'est qu'un début, bien insuffisant. Ce qu'il faut d'urgence, c'est un toit pour tous.

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