Abattoirs Gad : La direction de la Cecab dresse les travailleurs les uns contre les autres31/10/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/11/une2361.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Abattoirs Gad : La direction de la Cecab dresse les travailleurs les uns contre les autres

Les médias ont présenté les heurts de mardi 22 octobre entre salariés des abattoirs du groupe Gad comme des « affrontements » déplorables. En fait, il s'agissait d'une manoeuvre de la direction de la Cecab qui détient les deux abattoirs de Josselin dans le Morbihan et de Lampaul dans le Finistère.

Depuis le début, la direction s'est employée à dresser les travailleurs du site de Josselin qu'elle compte maintenir contre ceux du site de Lampaul dont elle a décidé la fermeture. Petite crasse au passage, la direction a commencé par faire main basse sur 15 millions d'euros de participation auxquels ont droit les salariés de Lampaul, et dont ils réclament à juste titre la restitution dans le cadre des indemnités de licenciement.

À l'abattoir de Josselin, au nom de la liberté du travail, les chefs ont fait sortir quatre cents travailleurs en rangs serrés et en blouses blanches pour s'opposer à la cinquantaine de grévistes venus de l'abattoir de Lampaul pour tenter de bloquer les camions. La confrontation s'est soldée par une bousculade assez vive et des échanges de coups. Après quoi les manifestants ont installé des camping-cars à l'écart de l'entrée de l'usine et poursuivi leur sit-in.

Au matin un accord était conclu entre les délégués syndicaux et les représentants de Cecab. Mais en attendant d'en juger, le site de Josselin est resté bloqué. C'est alors que les CRS sont intervenus et ont forcé le barrage des manifestants. Quelques travailleurs ont expliqué écoeurés : « On n'est pas armés, on n'est pas des casseurs, on ne fait que défendre nos emplois. »

Le blocage de l'abattoir de Lampaul s'est poursuivi jeudi 24 octobre. La direction avait accordé le doublement des primes de départ extra légales pour les licenciés, qui passeraient de 1 000 à 2 200 euros entre trois et quatre ans d'ancienneté et à 400 euros par année d'ancienneté supplémentaire, ainsi que le paiement des jours de grève. Mais, dans les éléments écrits reçus, le doublement de la prime n'était plus en net mais en brut, et certains jours de grève n'étaient plus payés. L'assemblée générale des grévistes a donc refusé de se prononcer et a maintenu le blocage.

Revenant sur les heurts du mardi, les travailleurs de Lampaul soulignaient qu'ils n'en voulaient pas à leurs collègues de Josselin mais « à ceux qui leur en ont donné l'ordre ». Quand ils ont repris le travail, la plupart de ceux de Josselin ne plastronnaient pas non plus. « Ça m'a fait mal qu'on se foute sur la gueule entre collègues », confiait un salarié à un journaliste. « Voir les collègues pleurer après la charge des CRS, ça m'a fait mal. » Tant mieux que de tels regrets aient été exprimés. Mais il aurait été plus positif que les travailleurs ne se rangent pas derrière un patron qui, le moment voulu, n'hésitera pas à se débarrasser d'eux.

La Cecab maintient non seulement sa volonté de fermer l'abattoir de Lampaul mais aussi d'empêcher qu'il soit repris afin de pas avoir de concurrence. En visite à Lampaul, Marylise Lebranchu, ministre de la Décentralisation et ancienne maire de Morlaix, n'a rien eu d'autre à proposer que sa « sidération ».

La Cecab fait ce qu'elle veut et les ministres obtempèrent.

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