Stora Enso est un des plus grands groupes mondiaux d'exploitation forestière et de fabrication de papier. À Corbehem, 400 emplois ont été supprimés déjà en 2006. Les 340 travailleurs qui restent aujourd'hui ont le sentiment que leur tour est venu. Depuis un an, Stora Enso a en effet annoncé son intention de licencier 2 500 travailleurs dans le monde et de fermer ou de revendre plusieurs sites, dont celui de Corbehem.

Le groupe ne pleure pas misère, au contraire. Il a reversé 150 millions d'euros à ses actionnaires en 2009, 240 en 2012 et en propose autant en 2013. Mais il s'agit, comme disent les dirigeants, de « redéploiement industriel », « d'adaptation au marché du papier qui est en baisse ». N'empêche que les profits, eux, sont en hausse. Alors, depuis un an, les salariés de Corbehem ont droit à la comédie du repreneur. Et tout le monde s'y met : des membres socialistes du conseil régional sont allés rencontrer les dirigeants suédois du groupe, accompagnés de quelques syndicalistes. Ils sont revenus en disant... qu'ils ne pouvaient rien dire !

Le 24 octobre, avec une cinquantaine de voitures, les ouvriers ont fait une opération escargot sur l'autoroute A1, vers la chambre de commerce et le conseil régional à Lille. Le même jour, les travailleurs de l'imprimerie Goossens (127 licenciements annoncés) manifestaient sur la Grand-Place de Lille, mais les deux cortèges ne se sont pas rejoints. Ce serait pourtant une bonne chose pour que les travailleurs ne se sentent pas isolés contre les patrons licencieurs et tous ceux qui veulent les distraire avec des fausses promesses ou de soi-disant « plans de sauvetage » qui laissent les travailleurs sur le carreau.