L’Histoire à l’école : entre lubies réactionnaires et coupes budgétaires20/05/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/05/2442.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Enseignement

L’Histoire à l’école : entre lubies réactionnaires et coupes budgétaires

La réforme du collège a suscité un débat sur l’enseignement de l’histoire. Politiciens, historiens et autres intellectuels de droite et d’extrême droite, sont partis en croisade contre la perte de repères vis-à-vis de « l’histoire nationale » dans les esprits des élèves.

Le souci de tous ces gens n’est évidemment pas de mettre la culture la plus large à la portée des jeunes, en tout cas des jeunes des couches populaires. Il est avant tout de saisir une occasion de se faire mousser dans les médias en jouant aux défenseurs de « l’esprit national », et de défendre l’idée qu’il faut avant tout inculquer aux élèves de quoi « faire aimer le pays dans lequel on vit », comme l’a dit carrément un réactionnaire cathodique.

L’enseignement, notamment de l’histoire, a toujours été orienté de manière à transmettre l’idéologie de ceux qui dominent. Lorsque les religieux contrôlaient tout l’enseignement, il fallait que celui-ci fasse passer la soumission à l’Église. Quand la bourgeoisie républicaine a en partie écarté l’Église et instauré l’enseignement laïque, elle y a fait passer son idéologie. Il ne s’agissait plus du culte du bon dieu, mais de celui de la patrie, ce que certains historiens appellent aujourd’hui « le roman national ». L’évolution de l’enseignement de l’histoire à l’école a ainsi suivi l’évolution des rapports de force politiques dans la société.

Face à l’offensive de réactionnaires qui pensent qu’hors de l’enseignement de la Bible et de Jeanne d’Arc il n’y a point de salut, il ne faut donc pas croire que l’enseignement dispensé actuellement soit sans tache. D’abord, pour enseigner quoi que ce soit, il faut des moyens, et tous les gouvernements, de droite comme de gauche, ont consciencieusement travaillé à les réduire, comme ceux de tous les services publics. Les enseignants en sont donc réduits à faire ce qu’ils peuvent. Et puis, sur bien des aspects, les programmes officiels d’histoire sont conservateurs, voire réactionnaires, ne serait-ce que parce qu’ils sont toujours profondément imprégnés d’esprit nationaliste.

Dans cette société, il n’y a pas plus à attendre d’un État qui est celui de la bourgeoisie. Les enfants de travailleurs doivent faire avec, et il en va de la culture comme de la nourriture : quand on a faim, on prend ce qu’il y a, et c’est mieux que rien. Même entendre parler de Jeanne d’Arc, de Napoléon, voire de la Bible et du Coran, c’est se frotter à la culture, quitte ensuite à apprendre à faire le tri.

Alors, c’est au mouvement ouvrier ou même à tous ceux qui se sentent dans le camp des opprimés d’aider à transmettre toute l’histoire de l’humanité, l’histoire des exploités d’hier et d’ailleurs et de leurs luttes. Car, si la culture ne permet pas d’échapper à l’exploitation, elle peut ouvrir une voie vers la conscience de la nécessité et de la façon de la combattre.

Partager