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Argentine : une journée de lutte contre l’austérité
Le front syndical des principales centrales argentines, CGT, ATE et CTA, appelait le 29 mai, pour la cinquième fois cette année, à une journée de grèves et manifestations contre la politique d’austérité imposée aux classes populaires par le gouvernement Macri. Ce dernier se représente, cette année, à l’élection présidentielle pour un second mandat de quatre ans.
La mobilisation a été énorme. Comme le 30 avril dernier, il n’y avait ni bus, ni trains, ni avions, ni bateaux en mouvement. Depuis des mois, la situation économique ne cesse de se dégrader. La monnaie locale, le peso, a perdu la moitié de sa valeur, l’inflation approche 40 %, licenciements et fermetures d’usine se multiplient et la misère s’étend. La population craint un krach comparable à celui de 2001, qui avait fait s’effondrer l’appareil productif.
Une partie des dirigeants de la CGT collaborent avec Macri et proposent un second plan antilicenciements alors que le premier n’a pas empêché le patronat de licencier en masse. En revanche, d’autres dirigeants syndicaux appellent à l’action, non sans arrière-pensées. S’ils dénoncent la présidence, les gouverneurs des provinces et le FMI, ils évitent de s’en prendre à la bourgeoisie argentine, et s’ils invitent à battre Macri dans les urnes, c’est pour ramener aux affaires les péronistes et Cristina Kirchner, battue il y a quatre ans, et qui pourrait revenir comme vice-présidente du prochain ticket péroniste. Mais l’extrême gauche, qui compte de nombreux opposants au sein des différentes centrales syndicales, appelle aussi à ces journées d’action.
Il y a quatre ans, la rue mais aussi les sphères dirigeantes disaient que les difficultés étaient « la faute à Cristina ». Les mêmes disent maintenant que « c’est la faute à Macri ». Car le recours de l’Argentine au FMI n’empêche pas la hausse de la dette, la fuite des capitaux et l’explosion de la pauvreté. Macri en est à séduire des péronistes adversaires de Cristina, dénonçant ceux qui ne se rallient pas à lui comme des « populistes à la Maduro », le président chaviste du Venezuela.
Les efforts de Macri pour sauver sa présidence ont un prix : les agios empochés par les financiers qui prospèrent sur la dette, la fuite des capitaux et l’ouverture du pays aux multinationales. La classe travailleuse les paye par l’austérité, la hausse des tarifs publics, l’aggravation des conditions de travail, l’explosion du chômage et de la pauvreté ; à la satisfaction de tous les exploiteurs du pays, banquiers, chambres du commerce et de la construction, Société rurale des grands propriétaires terriens et de l’agro-business et patronat de l’Union des industriels.
Les travailleurs n’ont rien de bon à attendre de ce gouvernement, ni d’ailleurs d’un retour des péronistes qui, eux aussi, feraient payer les difficultés économiques aux classes populaires.
Dans le cortège du 29 mai, des travailleurs brandissaient des pancartes réclamant un « Cordobazo national ». Il y a cinquante ans, en mai 1969, les travailleurs de la ville de Cordoba, alors plus grande concentration industrielle d’Amérique latine, où l’on trouvait des usines Renault, s’insurgeaient et donnaient le coup d’envoi d’une période de luttes ouvrières qui allait durer plusieurs années, contre le grand patronat et ses alliés de la bureaucratie syndicale. C’est bien ainsi que la classe ouvrière peut se faire craindre.