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- Lutte ouvrière n°2744
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Dans les entreprises
NTN-SNR – Annecy : les travailleurs face à l’offensive de la direction
L’entreprise SNR-NTN dispose de cinq sites sur l’agglomération d’Annecy. Environ 2 500 travailleurs y produisent des roulements pour l’automobile, l’aéronautique, le ferroviaire et même le spatial.
Depuis plusieurs années, et singulièrement l’an passé en raison de l’arrêt partiel de la production puis de la baisse des commandes, de la part notamment des industriels de l’automobile, les effectifs ont baissé, en premier lieu aux dépens des intérimaires, et l’exploitation de tous les salariés s’en est trouvée aggravée. Aujourd’hui, à la faveur du Covid, la direction entend accentuer ses attaques.
Depuis près de deux ans, elle prépare les esprits à une refonte globale des accords passés. Il s’agit d’imposer une convention d’entreprise utilisant les possibilités données par la loi Travail. C’est désormais un plan d’annualisation du temps de travail, dont le maître mot est flexibilité. Il se traduirait par la suppression de RTT, l’obligation du travail le samedi, à raison de douze par an, tant pour les équipiers que pour les journaliers, et le report des majorations qui étaient liées à ces heures supplémentaires.
Si les ouvriers étaient nombreux jusque-là à effectuer des heures au-delà des 36 heures effectives qui s’appliquent à tous, c’est uniquement parce que les salaires dans cette entreprise sont notoirement insuffisants, surtout dans une région où les loyers sont nettement plus élevés que la moyenne nationale. Mais l’idée que, désormais, le patron puisse imposer ces samedis quand bon lui semble ne passe pas. C’est le cas y compris dans le milieu des techniciens, et même parmi la maîtrise, traditionnellement peu encline à se mobiliser aux côtés des ouvriers.
Beaucoup n’ont pas mis beaucoup de zèle à reprendre les arguments de la direction. Signe de ce malaise, la CFDT et la CFE-CGC avaient cosigné à la mi-janvier une affiche avec les syndicats CGT, FO et SUD affirmant leur refus des samedis travaillés obligatoires. Pour ces samedis, le délai de prévenance serait d’une semaine, mais pourrait en cas de circonstances exceptionnelles n’être que de trois jours : alors chacun comprend que ce qui est présenté comme une exception deviendra une règle à l’avenir. En outre, cette flexibilité se traduira inévitablement à terme par des baisses de revenu, alors qu’elle est présentée, comble de cynisme, comme une solution pour augmenter le pouvoir d’achat et comme une nécessité face à la concurrence.
Des centaines de travailleurs ont donc commencé, atelier par atelier, à exprimer leur rejet voire leur colère par des votes à main levée, et surtout, en signant une pétition refusant le plan de la direction. On y trouve beaucoup de commentaires comme : « Notre vie ne sera pas prise par la seule volonté du patron » ; « Assez donné ! » ; « Déjà 40 heures dans la semaine c’est trop ! » ; « La semaine : de lundi à vendredi, un point c’est tout ». Des autocollants qui expriment cette opposition avec des slogans percutants ont également commencé à fleurir dans certains ateliers. Et l’idée grandit qu’il va falloir s’organiser et répondre collectivement à cette offensive patronale.
La direction répond bien sûr que les travailleurs ont mal interprété ses intentions et qu’en somme son plan sera du gagnant-gagnant. Elle y ajoute son chantage, évoquant des « années cruciales » ou la pression des clients, et propose désormais une prime de 50 euros pour les samedis après-midi. Mais elle est loin d’avoir imposé ses vues. Car, quand les actionnaires et le patron y gagnent, les travailleurs y perdent toujours.