Militant ouvrier toute sa vie, à la CFTC puis à la CFDT avec laquelle il sera en conflit, Charles Piaget est resté jusqu’à la fin un travailleur engagé. Il ne partageait pas toutes nos idées mais c’était un militant ouvrier que nous respections.

Interviewé par France 3 à l’occasion de la sortie d’un livre racontant sa vie, il expliquait avec toute la simplicité et la modestie qui le caractérisaient : « On a fait de moi un leader, il faut relativiser tout cela… Un combat, c’est éminemment collectif. » Dans son petit livre (On fabrique, on vend, on se paye, Lip 1973 – Éditions Syllepse), il expliquait : « Pour la structure CFDT, le syndicat doit diriger la lutte. Pour nous, délégués CFDT-Lip, le syndicat ne doit pas diriger mais animer la lutte. Il doit pousser les salariés à se prendre en mains, à diriger progressivement la lutte par eux-mêmes… Dans le cadre de la mobilisation, l’ensemble des salariés en lutte doivent se sentir dans une position d’égalité. »

Dans le film Lip l’imagination au pouvoir, il expliquait : « Quand il y a des délégués qui sont les mandataires pour se battre, la bataille est à la hauteur de ces mandataires. Mais quand la bataille est l’affaire de chacun, la dimension change. Là il y a du cœur, du cerveau, des bras qui s’y mettent par conviction parce que je veux gagner, je veux participer. Et là chez les délégués il y a un certain affolement : on sert à quoi nous ? […] La réussite c’est de ne plus avoir besoin de leader ou tout au moins que leur voix ne compte que pour un. »

Charles Piaget est décédé le jour de la fête annuelle de Lutte ouvrière de Besançon qu’il ne manquait jamais tant que sa santé le lui permettait. Apprenant son décès, les camarades lui ont dédié une chaleureuse Internationale.

On peut lire dans Lutte ouvrière n°2865 du 28 juin 2023 une page consacrée à l’histoire de la grève.