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guerre au moyen-orient
La prudence du Hezbollah
Le dirigeant du parti religieux chiite libanais, allié du régime iranien, accusé par Israël, les États-Unis, la France et d’autres grandes puissances d’avoir aidé militairement le Hamas, s’est exprimé publiquement pour la première fois depuis le 7 octobre, dans un discours nullement va-t-en-guerre.
Le leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a tenu son meeting par vidéo interposée devant plus de 10 000 personnes rassemblées dans la banlieue sud de Beyrouth. On pouvait lire sur les nombreuses pancartes façonnées par le parti : « Mort à l’Amérique, mort à Israël », mais le discours n’avait pas cette tonalité. Même si Nasrallah a vanté l’action du Hamas, qui a été, selon lui, « un tremblement de terre sécuritaire, militaire, psychologique et moral pour Israël », il a tenu à affirmer que le Hezbollah n’avait pas contribué à cette opération, disant qu’elle était « le résultat d’une décision palestinienne à 100 % ».
À ceux qui demandent au Hezbollah « d’entrer dans une guerre ouverte », et pour qui « ce qui se passe à la frontière [entre le Liban et Israël] peut paraître modéré », il a répondu que c’est déjà beaucoup. Et de donner comme argument, aux plus guerriers, que les actions militaires des milices du Hezbollah occuperaient un tiers des forces armées israéliennes. Et de finir son discours sur une formule encore plus alambiquée : « Je le dis en toute transparence et avec un flou constructif : toutes les options sur notre front sont ouvertes et examinées et nous pourrons y recourir à tout moment. »
Derrière ces circonlocutions, les propos de Nasrallah montrent que son parti, et l’Iran derrière lui, ne veulent pas entrer en guerre contre Israël. La situation économique et sociale du Liban, comme celle de l’Iran, comme d’ailleurs celle de tous les pays arabes de la région est déjà catastrophique, et ils craignent le chaos qu’une guerre généralisée engendrerait.
Ce qui inquiète ces dirigeants du Moyen-Orient n’est pas tant le sort des Palestiniens de Gaza que le fait que le gouvernement israélien, soutenu sans faille par celui des États-Unis et des autres grandes puissances impérialistes, est en train de jouer avec le feu. La guerre qu’il mène déchaîne la colère populaire dans tous les pays alentour et si elle se développe elle peut submerger et renverser bien des chefs d’État et de partis comme Nasrallah. Même sans se développer sur le terrain social et en restant sur le terrain des idées nationalistes et réactionnaires qui sont celles du Hezbollah, cette contestation pourrait le déstabiliser lui aussi.