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Leur société
Logement : la trêve hivernale, un répit fragile
Mercredi 1er novembre commençait la trêve hivernale, durant laquelle un locataire ne peut pas être expulsé. Elle fut mise en place deux ans après l’appel au secours de l’abbé Pierre en 1954 et protège pour un temps les familles qui ne peuvent plus payer leur loyer.
En 2022, 17 500 ménages ont été expulsés et ce chiffre record, en hausse de 130 % en vingt ans, ne tient pas compte de tous ceux qui sont partis avant l’intervention de la police. Selon la Fondation Abbé-Pierre « deux à trois fois plus de ménages partent avant que la police n’arrive ». La hausse des charges et des loyers, alors que les salaires et les minima sociaux sont bloqués, explique cette situation.
Le ministre du Logement, Patrice Vergriete, a pourtant eu le culot d’affirmer à l’Assemblée nationale mardi 31 octobre qu’« aucun gouvernement n’a fait autant pour l’hébergement d’urgence ». Or, si le gouvernement a effectivement maintenu le dispositif d’hébergement d’urgence à hauteur de 40 000 places depuis le Covid, ce dispositif est ridiculement insuffisant puisqu’on compterait plus de 300 000 personnes sans domicile. De surcroît, il a fait voter en juillet une loi raccourcissant les délais dans les procédures contentieuses contre les locataires en défaut de paiement et aggravant les poursuites contre les squatteurs, contre tous ceux qui occupent des immeubles laissés à l’abandon. Ces derniers peuvent d’ailleurs être expulsés pendant la trêve hivernale.
Toute la politique du gouvernement, qui protège le grand patronat, concourt à l’aggravation de la crise du logement. La hausse du coût de l’énergie à elle seule va contribuer à augmenter les charges et donc les impayés. Cette trêve protège encore pour un hiver des familles en passe d’être expulsées ; mais si on veut résoudre la crise du logement, c’est bien la société qu’il faut changer.