Réforme de l’AME : un projet scandaleux08/11/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/11/2884.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Réforme de l’AME : un projet scandaleux

Les discussions sur le projet de loi immigration, arrivé au Sénat le 6 novembre, ont rouvert le débat sur l’aide médicale d’État (AME), dispositif permettant aux étrangers en situation irrégulière de bénéficier d’un accès aux soins, et donc de protéger la santé de l’ensemble de la population.

Le parti LR, en position de force au Sénat, a profité de la discussion sur ce projet de loi pour ajouter un article qui transforme l’AME en une aide médicale d’urgence (AMU) et est une façon de restreindre cet accès. Sans surprise, Gérald Darmanin est donc favorable à l’AMU. Non content de conduire des politiques migratoires qui font de la Méditerranée une grande fosse commune, qui détruisent les corps et les esprits des survivants, ces gens-là les poursuivent à leur arrivée en France de leur démagogie raciste.

Depuis 2000, date de la création du dispositif AME, l’extrême droite et la droite sont pour le restreindre voire le supprimer. Elles sont même prêtes en réalité à faire courir des risques sanitaires à l’ensemble de la population au nom de leur démagogie haineuse. Leurs propos délirants sur les migrants « appâtés par l’aide médicale d’État », et l’existence d’un « tourisme médical » ne sont qu’un ramassis de mensonges. En novembre 2019, seul un sans-papiers éligible sur deux bénéficiait de l’AME. À Calais, à Marseille, à Paris, ces personnes vivent à la rue ou dans des campements. Beaucoup ne parlent pas français et ne savent pas qu’ils pourraient être éligibles à l’aide médicale d’État. De plus, les conditions pour y accéder sont de plus en plus rudes, il faut désormais avoir passé au moins six mois en France avant de pouvoir lancer une demande d’AME.

Cette démagogie va jusqu’à proposer une mesure dangereuse en matière de santé publique. Pendant deux ans de crise Covid, les politiciens de tout bord n’ont cessé d’alerter contre les risques de contagion, et là certains veulent soudain supprimer ce dispositif qui, en soignant les malades, limite le danger. C’est ce que dénoncent 3000 soignants signataires d’une tribune pour le maintien de l’AME : « Au-delà de sa raison d’être humaniste, l’AME est aussi un outil essentiel à la santé des individus et à la santé publique. Leur santé, c’est aussi la nôtre. Les restrictions politiques ne feront qu’éprouver les corps, contribuer à la dégradation de la santé publique, compliquer la tâche des soignants et fragiliser un système de santé déjà exsangue. »

Si besoin est, l’exemple de l’Espagne permet de s’en convaincre. En 2012, la restriction de l’accès aux soins des étrangers en situation irrégulière y a été votée. En conséquence, les maladies infectieuses ont augmenté, ainsi que la surmortalité, avant que cette réforme soit finalement abrogée en 2018.

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