Le 7 octobre… et avant09/10/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/10/une_2932-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

Le 7 octobre… et avant

Le massacre à Gaza est présenté comme une riposte obligée à l’attaque des milices du Hamas qui ont tué 1 200 Israéliens, violé et kidnappé plusieurs centaines de personnes le 7 octobre 2023. Comme si rien ne s’était produit auparavant !

Dès sa naissance, en 1948, l’État d’Israël s’est formé en annexant par la force des territoires palestiniens. Ses fondateurs en ont chassé 700 000 habitants, transformés en réfugiés permanents, dans les territoires palestiniens non annexés, en Cijordanie et à Gaza, ou dans les pays voisins.

Depuis 1948, plusieurs générations de Palestiniens, dont beaucoup sont apatrides, n’ont pas connu d’autre vie que celle des camps de réfugiés, où les tentes du début sont devenues des maisons. Sur les 2,3 millions d’habitants vivant à Gaza avant le 7 octobre, plus de la moitié sont des descendants des réfugiés de 1948. Le choix des dirigeants sionistes – bâtir un État confessionnel juif en chassant de son territoire les Arabes palestiniens – et leur volonté permanente d’étendre celui-ci, avec le soutien des puissances impérialistes, ne pouvaient qu’engendrer des révoltes et des guerres.

Occupée par Israël à partir de 1967, évacuée par Ariel Sharon en 2005, la bande de Gaza est alors devenue une véritable prison bouclée par l’armée israélienne. Celle-ci contrôlait l’entrée de tous les produits indispensables, des médicaments au carburant nécessaire pour produire de l’électricité, imposant régulièrement un blocus complet. L’activité du port a été limitée au strict minimum et l’aéroport, détruit. Comme l’a formulé Gideon Levy, journaliste au quotidien israélien Haaretz interviewé par l’Humanité : « Pensez-vous que 2,3 millions de personnes peuvent vivre pendant 18 ans dans la plus grande prison au monde et l’accepter pour toujours ? »

Depuis 2007, l’État israélien justifie l’enfermement des Gazaouis par l’arrivée au pouvoir du Hamas dans cette enclave de quelques dizaines de kilomètres carrés. Mais l’ascension du Hamas est le produit de toute la politique des dirigeants israéliens successifs. Le Hamas s’est renforcé au fur et à mesure que le Fatah, principale composante, laïque, de l’OLP, s’est discrédité en gérant l’Autorité palestinienne. Cet embryon d’État, concédé à la suite de l’Intifada de 1987, la grande révolte de la jeunesse palestinienne, sur un territoire morcelé et occupé par Israël, ne pouvait être autre chose qu’un appareil répressif chargé d’encadrer la population tout en permettant à une mince couche privilégiée de s’enrichir en monopolisant le commerce et les affaires.

À Gaza, quand l’appareil du Hamas a fini par remplacer celui du Fatah, le gardien de la prison a changé et le sort de la population s’est aggravé. Aux pressions réactionnaires du Hamas, à l’enfermement et au blocus économique, se sont ajoutés des bombardements et des opérations militaires de l’armée israélienne au prétexte de riposter aux tirs de roquette du Hamas. Cet état de guerre permanent a aidé le Hamas à resserrer les rangs derrière lui et à enrôler des jeunes prêts à mourir pour tenter de se libérer d’une situation sans issue.

Avec leurs parrains américains et européens, Netanyahou et ses prédécesseurs à la tête d’Israël portent l’écrasante responsabilité de l’engrenage sanglant qui a conduit à la situation actuelle.

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