Accidents du travail : une campagne alibi17/10/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/10/une_2933-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Accidents du travail : une campagne alibi

Après la campagne intitulée « Sécurité au travail : responsabilité de l’entreprise, vigilance de tous » initiée par son prédécesseur au ministère du travail, la nouvelle ministre, Astrid Panosyan-Bouvet, a lancé le lundi 14 octobre, sa « grande campagne de prévention contre les accidents du travail graves et mortels ».

Les derniers chiffres disponibles, ceux de 2022, sont accablants : la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) a recensé 564 189 accidents du travail, qui ont provoqué 738 morts, auxquels s’ajoutent 44 217 maladies professionnelles. Ce sont donc au moins deux travailleurs qui perdent chaque jour leur vie à la gagner ! Et c’est sans doute un résultat sous-estimé car les chiffres de la CNAM ne prennent pas en compte certaines catégories de travailleurs, comme les auto-entrepreneurs. Et que dire des travailleurs non déclarés qui, par définition, ne sont pas comptabilisés mais qui n’en meurent pas moins à la tâche ?

Les accidents du travail frappent plus souvent les plus précaires, comme ces travailleurs intérimaires qui vont de mission en mission, dans des secteurs et des entreprises variés, où ils doivent faire face à des dangers qu’ils connaissent mal. Ils sont plus fréquents dans le bâtiment, où la sous-traitance en cascade multiplie les risques sur les chantiers. Et si les bûcherons ou les cordistes, les travailleurs de professions dures physiquement, dans le bâtiment ou l’agriculture, paient un lourd tribut, la progression du nombre d’accidents graves, voire mortels, quels que soient les secteurs d’activité découle de l’aggravation des conditions d’exploitation, de l’augmentation des cadences, de la fatigue accumulée.

Tout cela est mis en œuvre par le patronat avec l’aide active des gouvernements. Ainsi le comité hygiène et sécurité (CHSCT), a été supprimé par les ordonnances Macron de 2017. Quant aux moyens et aux effectifs de l’Inspection du travail, ils continuent à fondre : d’après le dernier rapport de la Cour des comptes, publié en février dernier, plus de 700 postes, équivalant à 16 % d’un effectif déjà largement insuffisant, ont disparu. Quant au recul de l’âge de départ en retraite, il ne favorisera pas la diminution du nombre d’accidents dans les entreprises.

Le spot de la nouvelle ministre se conclut sur ces mots « Employeurs, salariés, passez à l’action ! », voulant faire croire que la responsabilité serait également partagée entre exploiteurs et exploités et promettant… des fiches pédagogiques et des informations sur un site Internet dédié ! La ministre affirme qu’il s’agit d’instaurer « une culture de sécurité dans l’entreprise ». Pour que celle-ci soit autre chose qu’une phrase creuse dans un clip publicitaire, il faudra que les travailleurs s’en prennent à la « culture du profit », exclusivement patronale celle-là.

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