Assurance-chômage : un accord de la honte20/11/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/11/P11-1_Ch%C3%B4meurs_ok_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C74%2C800%2C525_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Assurance-chômage : un accord de la honte

Au moment où le chômage explose, où les plans de licenciements se multiplient et ravagent des régions entières, patronat et syndicats ont conclu un accord qui fait encore reculer les droits à l’assurance- chômage.

Illustration - un accord de la honte

Ils ont repris, en l’aggravant, l’accord de novembre 2023, resté en plan faute d’agrément par le gouvernement.

Soutenu en particulier par la CFDT et la CFTC, cet accord entrera en vigueur le 1er janvier 2025, après validation par le gouvernement. Il ne contient pratiquement que des attaques contre les travailleurs et les chômeurs.

Les signataires ne peuvent même pas prétexter un déficit de l’Unedic, le gestionnaire de l’assurance-chômage : ses comptes sont excédentaires. Mais 2,5 milliards d’euros supplémentaires seront économisés par an, entièrement aux dépens des travailleurs privés d’emplois. En effet, non seulement le patronat ne fournira pas un centime supplémentaire, mais la baisse de ses cotisations chômage, qui passeront de 4,05 % à 4 %, est confirmée et sera appliquée en mai prochain. Ce cadeau coûtera 1,5 milliard d’euros sur quatre ans à l’Unedic.

Côté chômeurs, les attaques tombent dru. L’indemnité journalière sera versée sur des mois de 30 jours et non la durée réelle, volant ainsi cinq à six jours par an aux allocataires. Les aides pour les chômeurs créateurs d’entreprises seront revues à la baisse. À cela s’ajoutera la baisse drastique des indemnités des travailleurs frontaliers. Celles-ci ne seraient plus calculées sur la base du salaire réellement perçu – souvent plus élevé par exemple en Suisse ou au Luxembourg – mais avec un taux de diminution pouvant atteindre 40 %. Ils ne pourront pas non plus refuser plus de deux offres d’emploi en France, même très inférieures à leur précédent niveau de salaire, sans perdre leur droit à l’indemnisation. 260 millions d’euros par an leur seront ainsi volés.

Enfin, l’accord sur l’emploi des seniors aggrave encore le recul de deux ans de l’âge de départ en retraite. Il fait reculer de deux ans les dispositifs permettant aux plus vieux travailleurs de bénéficier d’une indemnisation prolongée. Actuellement, les chômeurs de 53 ans peuvent bénéficier d’une allocation-chômage pendant 22,5 mois et ceux de 55 ans peuvent en bénéficier pendant 27 mois. Ces paliers passeront à 55 et 57 ans alors que, particulièrement après 50 ans, il est très difficile de retrouver un emploi. Cela signifie que les travailleurs éjectés de leur emploi se retrouveront beaucoup plus vite en fin de droits, ne percevant que les minima sociaux.

Le gouvernement, le Medef et les syndicats signataires se sont félicités du retour du prétendu dialogue social. Si le patronat obtient la signature et la caution de dirigeants des bureaucraties ouvrières pour des mesures scélérates contre les travailleurs qu’il licencie, pourquoi s’en priverait-il ?

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