Barnier au CRIF : dans le sens du poil09/10/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/10/une_2932-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Barnier au CRIF : dans le sens du poil

Invité à prendre la parole lors de la cérémonie organisée lundi 7 octobre par le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), le Premier ministre a déclaré que « la sécurité de l’État d’Israël n’est pas et ne sera jamais négociable » et que ce pays est « en situation de légitime défense ».

Ce cirage de chaussures en bonne et due forme devant un parterre très sélectionné – qui ne représente en réalité absolument pas l’ensemble de la population d’origine juive de France mais uniquement sa composante bien bourgeoise – n’a en soi rien d’exceptionnel pour un représentant de l’État français. Ce qui est plus inhabituel est le fait que le nom de Macron, à peine prononcé, ait été hué.

En effet, le président français avait déclaré deux jours auparavant, à propos de la guerre menée par l’État d’Israël contre la population palestinienne, qu’il fallait cesser « de livrer des armes pour mener les combats à Gaza ». Macron n’est évidemment pas devenu subitement un pacifiste. Mais, en dirigeant de l’impérialisme français, il voudrait tenir compte d’intérêts économiques et politiques contradictoires. Il tente donc de sauver son image dans l’opinion des pays arabes.

La France a été une puissance dominante au Proche-Orient, en ayant notamment la main sur la Syrie et le Liban. Cela remonte à presque cent ans, mais de nombreux intérêts et liens économiques subsistent. Et pour les maintenir, les dirigeants français se doivent d’avoir un discours se démarquant un peu de celui des États-Unis.

En même temps, l’impérialisme français se doit aussi de préserver ses relations avec l’État d’Israël. Car, depuis sa naissance au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, cet État a trouvé sa place dans l’ordre impérialiste du Proche-Orient comme une excroissance militaire de l’impérialisme le plus puissant, les États- Unis. Il est devenu un pilier du maintien de l’ordre impérialiste dans cette région, dont profitent de nombreux groupes industriels et financiers français : ceux du pétrole comme TotalEnergies, du transport maritime comme CMA CGM, des travaux publics comme Bouygues, et bien d’autres.

C’est fondamentalement cette situation qui explique les contorsions et les manœuvres à la fois « pro-arabes » et « pro-israéliennes » des dirigeants français. Les intérêts des populations, quelles qu’elles soient, arabes ou israélienne, ne comptent pas dans ces calculs.

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