États-Unis : capitalisme carcéral29/05/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/05/une_2913-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : capitalisme carcéral

Dans l’Alabama, plusieurs familles de détenus décédés ont porté plainte pour vol d’organes de leurs proches.

Il semble que lors des autopsies pratiquées à l’hôpital universitaire d’Alabama, des organes des détenus aient été prélevés et vendus sans le consentement des familles. Si depuis, l’hôpital a rompu le contrat qui le liait aux autorités pénitentiaires, cette sordide affaire lève un coin du voile sur l’utilisation des prisonniers pour faire de l’argent.

En Alabama des milliers de prisonniers sont loués durant la journée à des employeurs qui payent un salaire minimum, non pas aux détenus, mais à l’État. Sous prétexte de compenser le coût de l’incarcération, les autorités n’en reversent qu’une petite part aux prisonniers, de l’ordre de deux dollars par journée de travail.

Plus de cent employeurs publics de cet État profitent de cette main-d’œuvre. C’est ainsi que les jardins des bâtiments officiels sont entretenus, dont la résidence du gouverneur, ou que les hauts fonctionnaires sont transportés par des chauffeurs retournant en prison le soir. Certains prisonniers sont mêmes affectés à des fonctions d’enseignants. D’autres travaillent pour 560 entreprises privées différentes, dans des usines, des abattoirs ou chez McDo.

Quand un prisonnier est malade et ne peut se rendre au travail, les gardiens le harcèlent, car il ferait perdre de l’argent aux autorités. La même logique inhumaine fait que les juges refusent bien plus les libérations conditionnelles aux détenus qui travaillent, et donc rapportent, qu’aux autres.

Il n’y a décidément pas loin de l’esclavage salarial à l’esclavage tout court.

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