Laboratoires d’analyses : chantage patronal25/09/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/09/une_2930-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C0%2C1271%2C1649_crop_detail.jpg

Leur société

Laboratoires d’analyses : chantage patronal

Comme ils l’ont déjà fait en 2022 et en 2023, les patrons des laboratoires d’analyses médicales ont fait une prétendue « grève » du 21 au 23 septembre.

Cette « grève » était en réalité une fermeture décidée par les propriétaires, pour protester contre les baisses de tarifs décidées par la Sécurité sociale, qui cherche à économiser 124 millions d’euros d’ici à la fin de l’année dans le secteur.

Les affichettes apposées sur les laboratoires fermés dénonçaient la volonté de « tuer les laboratoires de proximité et de dégrader l’accès aux soins. » Mais les biologistes indépendants ont déjà été largement détruits par l’irruption des financiers dans le secteur : les deux tiers des labos appartiennent aujourd’hui à six grands groupes, Biogroup, Cerba, Eurofins, Inovie, Synlab et Unilabs. Ils sont aux mains de grandes banques et fonds d’investissement : Cinven Group, PAI Partners (issu de BNP Paribas), Apax, Natixis…

Ces groupes font pression aujourd’hui pour défendre leur droit à puiser dans les caisses de la Sécurité sociale, comme s’en inquiète le directeur actuel de l’Assurance-Maladie, Thomas Fatôme : « On ne peut pas accepter d’être bloqués dans la négociation tarifaire à cause d’actionnaires qui, par le biais de mécanismes de type LBO, exigent une rentabilité à court terme très élevée. Nos cotisations n’ont pas vocation à financer la rente. »

Ce sont pourtant l’État et l’Assurance-Maladie qui ont favorisé la financiarisation du secteur en cherchant à baisser les coûts : en 2000, l’État a autorisé la formation de chaînes de laboratoires ; en 2010 il a permis l’organisation de laboratoires multisites, avec un plateau technique dédié aux analyses et des sites périphériques dédiés aux prélèvements. Puis des baisses de tarifs ont acculé les petits labos indépendants, incapables d’investir dans les machines les plus modernes. Pour rentabiliser le secteur, les fonds d’investissement ont fusionné des sites, et ils ont tiré vers le bas les salaires et les conditions de travail des laborantins.

Aujourd’hui ces groupes capitalistes de la biologie profitent de leur situation de monopole pour s’opposer aux volontés d’économies de l’État et de la Sécurité sociale. Les travailleurs du secteur, qui ont déjà fait de vraies grèves pour défendre leurs intérêts, n’ont rien à attendre de ce bras de fer entre leurs patrons et l’État.

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