Nos lecteurs écrivent : Grève au lycée29/05/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/05/une_2913-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Nos lecteurs écrivent : Grève au lycée

Je travaille au lycée professionnel Urbain-Vitry à Toulouse, qui forme des jeunes aux métiers du bâtiment. La plupart de ces jeunes ne sont pas là par choix. Ils ont eu un parcours scolaire chaotique, beaucoup d’entre eux sont en très grande difficulté, et ils n’ont pas pu accéder au CAP de leur choix. Nous avons aussi beaucoup d’élèves en situation de handicap, mais qui ne trouvent pas de place dans des structures spécialisées.

Le lycée est donc un lycée « difficile » et nous avons eu à plusieurs reprises des problèmes de violence dans les locaux. Sous prétexte que les effectifs des classes sont plus faibles que dans la moyenne des autres établissements du même type, nous n’avons que trois surveillants le matin et trois le soir… pour un établissement qui fait cinq hectares ! Et à de nombreuses occasions plusieurs classes sont réunies pour un même cours, car le lycée a perdu des heures d’enseignement.

C’est dans ce contexte qu’une agression a eu lieu le 12 mai, heureusement sans blessé grave : quatre classes et deux professeurs de sport se trouvaient dans le même gymnase. Un élève en a agressé un autre avec un couteau, puis s’est fait lui-même agresser par tous les élèves du gymnase qui voulaient « se venger ». Les deux professeurs de sport ont réussi à mettre à l’abri « l’agresseur » mais cette situation aurait pu très mal tourner.

Le lendemain, à la reprise des cours, les professeurs ont dû improviser, puis ont appris que le recteur s’était déplacé mais uniquement pour voir la proviseure, sans rien proposer, sinon la mise en place d’une cellule psychologique. Les professeurs et surveillants se sont alors réunis et ont décidé de se mettre en grève pour montrer leur colère face à cette situation, exiger du recteur une audience et des moyens humains supplémentaires : plus de surveillants, et plus d’heures de cours, pour ne pas être obligés de rassembler différentes classes.

Face à cette mobilisation, le directeur académique s’est déplacé et a dû s’exprimer face aux 50 grévistes présents. Il a affirmé qu’il « comprenait », mais qu’il n’avait pas d’argent. La grève a donc été reconduite, et les enseignants se sont retrouvés au rectorat avec tous les outils nécessaires pour faire du bruit. À nouveau, ils ont été « baladés » sans résultat.

Nous savons qu’Urbain- Vitry n’est pas le seul lycée de Toulouse où la violence et l’insécurité pourrissent la vie des élèves et des enseignants, parce que les moyens ne sont pas là. Il faudra rester mobilisés pour arracher des moyens supplémentaires pour notre lycée, mais aussi pour tous les autres.

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