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- Lutte ouvrière n°2938
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Dans les entreprises
Nos lecteurs écrivent : Mort au travail, pour le profit des patrons
Il y a deux ans, le 20 octobre 2022, mon fils est décédé à 28 ans à Acigné, en Ille-et-Vilaine, à l’usine M-Extend dite Mailleux, qui fabrique du matériel agricole. Il était intérimaire et travaillait sur une nacelle près d’un convoyeur qui tournait à vide.
Le chantier d’extension de l’usine avait pris du retard, il aurait dû se terminer ce 22 octobre. C’était son dernier jour de travail pour cette mission… et son dernier jour de vie. Mon fils travaillait pour Elitel, sous-traitant, depuis un an et demi. Il a été percuté par le convoyeur et ce premier impact l’a mis en déséquilibre. Ses collègues ont paniqué sans savoir quoi faire. Le convoyeur s’est bloqué et a été réamorcé, causant un deuxième impact qui l’a écrasé.
Depuis, je me bats pour faire reconnaître la responsabilité des patrons, donneur d’ordres et sous-traitant, mais aussi pour dénoncer les deux morts par jour au travail en France, à cause des cadences, de la pression patronale et des économies sur la sécurité. Treize mois après l’accident, la gendarmerie m’a contactée pour m’annoncer que le dossier s’était perdu… et qu’il fallait tout refaire ! Aujourd’hui, deux ans après, le procès ne s’est toujours pas tenu. L’inspection du travail manque de moyens et vient seulement de clôturer le dossier en relevant sept manquements graves de sécurité, tous de la responsabilité de l’entreprise et des sous-traitants.
Mailleux n’a jamais manifesté le moindre soutien : pas un appel, pas une fleur, pas une plaque. Les pompes funèbres ont envoyé la facture du cercueil à Elitel, qui a fini par se résoudre à payer, et le monument funéraire est resté à notre charge, payé avec ce que nous a versé l’assurance des intérimaires. Pour eux, seul le profit compte, à n’importe quel prix.