Macron  : un marchepied pour l’extrême droite29/05/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/05/une_2913-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Macron  : un marchepied pour l’extrême droite

Lors de sa visite en Allemagne, Macron s’est arrêté à Dresde lundi 27 mai, pour y prononcer un discours appelant les Européens à « se réveiller » face au danger d’extrême droite.

« L’extrême droite, ce vent mauvais, souffle en Europe. Alors réveillons-nous ! », s’est exclamé le chef de l’État, devant un public de jeunes réunis pour un festival de l’Europe. Et d’exhorter la jeunesse à regarder autour d’elle « la fascination pour les régimes autoritaires » et « le moment illibéral que nous vivons ». Entre deux concerts techno, Macron a ainsi joué l’air du défenseur de l’amitié entre les peuples et des sentiments démocratiques. Quelle sinistre blague !

Macron s’est déjà livré à cette escroquerie : c’était même son seul argument pour se faire réélire à la présidence de la République en 2022. Tous ceux qui auraient pu avoir l’illusion de « faire barrage » à Le Pen en votant pour Macron ont pu constater que, loin de s’opposer à la pression des idées réactionnaires, son gouvernement les reprend à son compte. Des déclarations sur les dangers de l’islamisme aux poses sécuritaires, en passant par les accusations contre les habitants des quartiers populaires, sans oublier la stigmatisation des chômeurs et autres prétendus « assistés », Macron fait les mêmes poubelles que le RN et reprend la même démagogie. Son gouvernement a fait passer, avec les voix de la droite et du RN d’ailleurs, une loi Asile et immigration infâme, qui rend la vie des travailleurs immigrés encore plus difficile.

Il y a bien sûr de quoi être inquiet et révolté face à la montée des idées les plus réactionnaires partout en Europe, à la progression électorale de partis plus ou moins ouvertement xénophobes, à la multiplication de gouvernements conservateurs s’appuyant sur des partis d’extrême droite ou sous leur direction. Mais croire qu’il suffirait de mettre un bulletin dans l’urne, fût-il un bulletin de gauche, pour faire barrage à l’extrême droite et à la menace fasciste est une dangereuse illusion. Les partis de gauche, qui dénoncent à juste titre l’escroquerie d’un Macron déguisé en rempart, portent une responsabilité encore plus grande dans la progression de l’extrême droite. En France comme ailleurs, celle-ci se nourrit de l’écœurement des classes populaires devant les trahisons successives des dirigeants de gauche, en particulier lorsqu’ils étaient à la tête de gouvernements.

Le fait que ces mêmes dirigeants reprennent les arguments nationalistes contribue à la désorientation politique des travailleurs. En France, le candidat communiste Deffontaines se dit « fier de revendiquer le souverainisme ». Du PCF à LFI, tous entonnent le refrain de la souveraineté économique et chantent les louanges du protectionnisme, reprenant à leur compte la fable selon laquelle les frontières protégeraient les travailleurs des licenciements et préparant ainsi la voie aux idées xénophobes.

Pour stopper le « vent mauvais » de l’extrême droite, il faut rebâtir la conscience ouvrière, internationaliste, la conscience que les travailleurs peuvent renverser cette société, qui les met en concurrence les uns avec les autres pour mieux sauver la mise des exploiteurs.

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