Magasins Rougier & Plé : chasse aux sorcières29/05/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/05/une_2913-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Magasins Rougier & Plé : chasse aux sorcières

Chaîne de magasins de matériel de haute qualité pour les beaux arts (peinture, sculpture, etc.), Rougier & Plé compte plus de 350 employés, dont beaucoup sont payés au smic et même un peu en dessous, c’est-à- dire 1 300 euros net compte tenu de la convention collective du secteur.

Un tiers environ des employés, ceux qui travaillent dans les magasins les plus anciens, touchent aussi un treizième mois en décembre et peuvent obtenir quelques primes en fonction du chiffre d’affaires de leur magasin. Il y a quelques mois, une poignée de ceux du magasin historique, situé près du métro Filles-du-Calvaire à Paris, a lancé une pétition pour réclamer des embauches, de meilleures payes et un assainissement des locaux où courent des souris. Le 13 avril, à huit (la moitié des effectifs du magasin ce jour-là), ils ont fait grève en mettant en place un petit piquet pour discuter avec les clients, les passants et les voisins. Plusieurs personnes, dont des salariés des commerces autour, sont venues les soutenir. La réponse de la direction a été de convoquer quatre d’entre eux pour tenter de les intimider, leur reprochant des choses ridicules, comme un mauvais étiquetage, ou de ne pas saluer leurs collègues, et leur dire à mots couverts qu’ils risquaient leur emploi.

Deux autres journées de mobilisation ont eu lieu, où les grévistes étaient un peu plus nombreux, les 27 avril et 7 mai, obligeant la direction à faire venir des responsables des magasins de Rouen et Lanester pour remplacer les grévistes. Elle a alors mis ses menaces à exécution : deux syndiqués ont été licenciés et une troisième a été visée par une enquête privée l’accusant de harceler une responsable du magasin. Les motifs de licenciement sont quasiment identiques, sans fondement ni preuve : les salariés harcèleraient toujours la même responsable.

Les nouveaux patrons de Rougier & Plé sont connus pour avoir racheté des magasins en tout genre. Ce ne sont pas les beaux arts qui les intéressent, mais ce qu’ils rapportent. Les affaires, paraît-il, sont bonnes : le chiffre d’affaires ne cesse de croître et, depuis le Covid, plusieurs nouveaux magasins se sont ouverts. Visiblement, les patrons craignent que la combativité du noyau d’employés qu’ils veulent mater inspire tous les salariés de ce groupe.

Un jugement doit avoir lieu le 10 juin à 14 h aux Prud’hommes, 27 rue Louis-Blanc à Paris. Et un rassemblement de soutien est prévu ce jour- là, notamment à l’appel du syndicat Sud de l’entreprise.

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