Nouveau Front populaire : tout sauf un barrage à l’extrême droite12/06/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/06/une_2915-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Nouveau Front populaire : tout sauf un barrage à l’extrême droite

Le soir du 10 juin, les représentants des principales formations politiques de gauche, l’écologiste Marine Tondelier, Olivier Faure pour le Parti socialiste, Fabien Roussel pour le PCF et Manuel Bompard pour la France insoumise, LFI, sont apparus côte à côte pour annoncer « la constitution d’un nouveau Front populaire », rassemblant « toutes les forces de gauche humanistes, syndicales, associatives et citoyennes ».

De mauvais esprits pourraient dire que la crainte, pour bon nombre de députés, de perdre leur siège explique ce soudain élan unitaire, totalement absent durant la campagne européenne. Cet élan est d’ailleurs tempéré par les exigences des uns et des autres, telles celles de Raphaël Glucksmann, tête de liste aux Européennes pour le Parti socialiste et Place publique, qui pourraient bien gâcher la photo de famille.

Reste que, une fois de plus, pour répondre à tous ceux qui voient avec une juste inquiétude la montée de l’extrême droite, les différents partis de gauche ne proposent qu’un accord électoral censé lui « barrer la route ». « Nous sommes les seuls capables d’empêcher le désastre », a affirmé la députée LFI de Seine-Saint-Denis Clémentine Autain. Mais pourquoi un tel désastre ? Ni elle ni aucun des représentants du PS, du PC et des écologiques ne répondent à la question, et pour cause, car tous veulent faire oublier leur responsabilité dans la montée de l’extrême droite.

L’Union de la gauche, le programme commun, et leurs variantes ont bien sévi. La gauche unie est déjà parvenue au pouvoir, en 1981. Le gouvernement comportait des ministres communistes et pouvait s’appuyer sur une Assemblée dont l’écrasante majorité était à gauche. Mais cette gauche au pouvoir a mené la même politique que ses prédécesseurs de droite. N’est-ce pas ce gouvernement de la gauche unie qui a décidé le blocage des salaires ? Par la suite, les différents gouvernements de gauche ne sont jamais revenus sur les attaques décidées par leurs prédécesseurs de droite, par exemple contre les retraites. Ce sont ces trahisons des espoirs de toute une partie de la classe ouvrière qui ont profondément démoralisé celle-ci, ouvrant la voie à une progression du Front national, et maintenant du RN.

L’objectif de ce nouveau Front populaire est de « transformer l’addition du score des gauches en dynamique politique », selon les mots de Clémentine Autain. Il est donc question d’arithmétique électorale. Mais qu’en est-il du vrai combat à mener contre les idées du RN ? C’est bien là que le bât blesse, car les représentants de la gauche sont sur le même terrain du nationalisme. Parti socialiste et Place publique n’ont pas cessé de tenir des propos militaristes pour justifier l’engagement dans la guerre menée pour les intérêts des capitalistes occidentaux contre ceux des oligarques russes. Du « produire français » du Parti communiste, de « l’ acheter français » de François Ruffin, au slogan « La France revient » de Bardella, il n’y a vraiment qu’un très petit pas.

Surtout, aucun ne veut mettre en cause la dictature des capitalistes sur l’ensemble de la société.

Les dirigeants des partis de gauche ont largement contribué, depuis des années, à obscurcir la conscience des travailleurs, au point que beaucoup, aujourd’hui, pensent voter pour leurs intérêts en votant RN. Pour remonter le courant, il faut faire renaître la conscience de classe, cette conviction que le capitalisme est le seul responsable de la crise économique, climatique et des guerres, et qu’il faut le renverser : c’est le seul véritable barrage possible aux idées d’une extrême droite mercenaire des puissants.

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