Planification écologique : un déluge de mots creux06/11/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/11/P4-2_DEssin_%C3%A9colo_ok_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C0%2C800%2C450_crop_detail.jpg

Leur société

Planification écologique : un déluge de mots creux

Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique du gouvernement Barnier, a présenté lundi 4 novembre la « programmation pluriannuelle de l’énergie » et la « stratégie nationale bas carbone ».

Illustration - un déluge de mots creux

Ces documents sont censés expliquer comment faire baisser de 50 % les émissions de CO2 d’ici à 2030.

Urgence climatique oblige, la publication de ces documents au nom ronflant est inscrite dans la loi. Mais l’obligation s’arrête visiblement à la publication des intentions et des objectifs. Car pour ce qui est de se donner les moyens de les atteindre, on est vraiment loin du compte !

Le document stratégique détaille les scénarios attendus pour 2030 dans chaque secteur d’activité, du bâtiment aux transports, en passant par l’industrie. Concernant les transports par exemple, on y apprend qu’en 2030, 90 % des bus neufs et 66 % des véhicules personnels devront être électriques, que l’utilisation de carburants de synthèse et de biocarburant pour le transport aérien et maritime aura tant progressé que les émissions de ces deux secteurs ultrapolluants baisseront de près de 15 %, que les pistes cyclables se seront généralisées, que le covoiturage sera devenu la norme…

On revient brutalement à la réalité quand il s’agit des moyens prévus pour que le rêve écologique devienne réalité. Car les scénarios envisagés impliqueraient de lourds investissements dans bien des domaines, par exemple pour changer la flotte aérienne ou navale. La réponse des capitalistes est connue : ils veulent bien empocher des aides du gouvernement pour la transition écologique, financer de beaux spots publicitaires vantant leur conscience verte, promettre de replanter un jour des arbres en Amazonie pour compenser le saccage de la nature aujourd’hui, et même vanter des « investissements verts » pour une spéculation responsable. Mais pas question d’écorner les profits d’aujourd’hui pour sauver la planète de demain !

Le gouvernement lui-même y croit si peu que son projet de budget 2025 prévoit la baisse des aides destinées à l’achat de véhicules moins polluants, à l’isolation des maisons et à la lutte contre les passoires thermiques. Heureusement pour la ministre, il reste la « responsabilité individuelle de chacun » et elle pourra continuer à vanter les mérites de la sobriété énergétique à des ménages qui n’ont de toute façon plus les moyens de se chauffer.

La ministre a eu le culot d’argumenter sur l’urgence de baisser les émissions de gaz à effet de serre en précisant : « On a tous en tête le drame de Valence ». Devant tant d’hypocrisie et de mensonges, c’est surtout la manière dont les sinistrés espagnols en colère ont accueilli les dirigeants responsables du drame qui vient à l’esprit !

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