Retailleau comme Barnier savent qu’ils vont aggraver les conditions de vie de toute la population par une politique au service des riches. Il faut donc faire diversion, et mettre la prétendue question de l’immigration au centre de leurs discours en est un moyen. Barnier avait déjà annoncé la couleur mais la nomination de Retailleau à l’Intérieur est un gage supplémentaire donné par Macron et son Premier ministre au Rassemblement national.

Longtemps proche de Philippe de Villiers, catholique intégriste et sénateur, Retailleau avait pris position contre le mariage homosexuel et contre l’inscription de l’IVG dans la Constitution. Entre-temps, il était passé chez les Républicains et avait été choisi comme directeur de campagne par Fillon, candidat à l’élection présidentielle de 2017, avant que celui-ci, rattrapé par les scandales, soit éliminé à l’issue du premier tour. Plus tard, candidat à la présidence de LR, il fut battu par Ciotti. S’il a refusé de suivre son adversaire dans son soutien à Le Pen, c’est pour mieux porter des discours de la même eau contre le « chaos migratoire » en tant que président du groupe LR au Sénat.

Les déclarations tonitruantes contre l’insécurité, fustigeant un Darmanin accusé de ne pas en faire assez dans ce domaine, ont été pour Retailleau autant d’occasions d’ajouter une louche à ses charges xénophobes et antimusulmans. Il y a un an, quand la nouvelle loi contre l’immigration est venue en discussion au Sénat, il a fait de la surenchère, et celle-ci ayant été en partie retoquée par le Conseil constitutionnel, il évoque l’idée de la remettre sur le tapis aujourd’hui.

Retailleau voudrait priver de soins les sans-papiers, instaurer une « préférence nationale » pour l’accès aux prestations sociales, créer des quotas migratoires, durcir les conditions du regroupement familial, restreindre le droit du sol, etc.

Des économies sont faites par tous les gouvernements sur les services utiles à la population, les salaires sont trop faibles par la volonté des patrons et le chômage explose à cause des licenciements. Mais en faisant des travailleurs immigrés les boucs émissaires, des politiciens comme Retailleau cherchent à détourner la colère des classes populaires des vraies raisons d’une situation sociale dramatique.