Safran – Villaroche : argent public pour profits privés25/09/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/09/une_2930-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C0%2C1271%2C1649_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Safran – Villaroche : argent public pour profits privés

Sur le site Safran de Villaroche, en Seine-et-Marne, qui assemble des moteurs d’avions pour Airbus, Boeing et Dassault, les discours des chefs sont à l’austérité depuis juillet.

Les déplacements professionnels qui étaient demandés à des ouvriers ou des ingénieurs pour aller sur d’autres sites Safran ou pour réaliser des essais sont limités. Le matériel informatique est moins remplacé. Des investissements sont repoussés à 2025.

La direction veut faire croire que l’entreprise manque d’argent et que des économies seraient nécessaires un peu partout. Certes, le nombre de moteurs livrés est inférieur aux prévisions, officiellement pour « des problèmes persistants dans la chaîne d’approvisionnement. » Mais Safran a annoncé 3 milliards d’euros de bénéfices pour l’année 2023 et 1,4 milliard d’euros pour le premier semestre 2024. Et les carnets de commande sont pleins.

En fait, une des raisons plus sérieuses évoquées par la direction est la longue absence de gouvernement et l’instabilité politique issue des élections législatives. L’absence de « visibilité », comme disent les directeurs, concernant l’attribution des subventions publiques encouragerait l’entreprise à la prudence. Non qu’ils doutent d’avoir ces subventions, mais le montant de celles-ci ne serait pas encore défini précisément et c’est ce qui les dérange. Voilà qui est révélateur : une entreprise du CAC40 qui fait des profits se comptant en milliards serait donc incapable d’investir sans avoir la garantie de l’argent de l’État ? Pour les actionnaires, il est impensable que les bénéfices aillent ailleurs que dans leurs poches et même pour fabriquer des moteurs d’avion qui rapportent énormément, les capitalistes réclament que l’État mette la main à la poche.

Il est toutefois notable que les économies en cours ne concernent pas la production ou le développement de moteurs militaires. On imagine que la direction est confiante dans le fait que, quel que soit le gouvernement et sa couleur politique, les crédits de guerre seront assurés.

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