Sans-papiers – Alfortville : une expulsion révoltante06/11/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/11/P6-1_Le_31_octobre_destruction_du_piquet_de_lutte_des_sans-papiers_devant_Chronopost_Alfortville_C_LO.jpg.420x236_q85_box-80%2C0%2C720%2C360_crop_detail.jpg

Leur société

Sans-papiers – Alfortville : une expulsion révoltante

Jeudi 31 octobre, le piquet de lutte des travailleurs sans papiers installé devant l’agence de Chronopost à Alfortville, dans le Val-de- Marne, a été détruit par les CRS et ses occupants expulsés.

Illustration - une expulsion révoltante

Ce campement, établi depuis décembre 2021 et qui a regroupé jusqu’à 200 travailleurs, était un point de rassemblement qui leur permettait de s’organiser afin d’obtenir le respect de leurs droits et leur régularisation.

Il était environ 8 heures lorsque plusieurs cars de CRS sont arrivés à la hauteur du campement, suivis de camions et de bennes à ordures. Dès le périmètre bouclé, la démolition a commencé. Beaucoup de ceux qui dormaient là étaient déjà partis au travail, mais il restait des occupants, qui ont été refoulés derrière les barrières installées par les CRS et ont assisté, impuissants et la rage au cœur, pendant de longues heures, à la destruction de leur camp. Tentes, bâches, duvets, effets personnels, tout était broyé et jeté pêle-mêle dans une noria de camions-bennes qui allaient se succéder jusqu’à 16 heures.

Bien que conscients des menaces d’expulsion qui pesaient sur eux depuis plusieurs mois, des occupants ont été surpris par l’intervention soudaine des forces de police. Elle s’est faite sans aucune publication préalable, contrairement à ce qu’exige la loi, sans même prévenir les organisations déclarantes de ce campement établi pourtant en toute légalité.

L’avis d’expulsion signé du maire d’Alfortville n’a été placardé sur un poteau près du campement que… simultanément à l’entrée en action des CRS ! Bien entendu c’est la préfecture du Val-de-Marne qui est à la manœuvre, appliquant fidèlement la politique répressive de l’État et de Retailleau vis-à-vis des travailleurs sans papiers. Mais cette attitude scandaleuse du maire va avoir des conséquences catastrophiques pour des occupants. En effet, certains avaient, outre leurs effets personnels, laissé leurs papiers dans le camp faute d’endroit sûr où les garder. Prévenus sur leur lieu de travail par des amis, certains sont arrivés trop tard, tous leurs documents ayant fini à la benne. L’un d’entre eux, totalement désemparé, a perdu l’intégralité du dossier qu’il avait constitué pour sa demande de régularisation, y compris son passeport. Interrogé par des travailleurs sans papiers qui lui demandaient comment ils pourraient peut-être récupérer leurs papiers, un représentant de la préfecture leur répondait laconiquement : « C’est impossible, tout est dans les bennes, on ne pouvait pas trier. »

Peu après 16 heures, le dernier camion-benne parti, les balayeurs sont entrés en action, tout était net et « l’ordre républicain » rétabli. La préfète peut être satisfaite. Des travailleurs sans papiers sont restés près du campement encore quelques heures et, bien qu’accablés, discutaient déjà des actions à mener dans les jours suivants. Leur lutte devra continuer, ils n’ont pas d’autre choix.

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