Sénégal : Après les élections législatives20/11/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/11/une_2938-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

Sénégal : Après les élections législatives

Au Sénégal, le Pastef, parti du président Bassirou Diomaye Faye et d’Ousmane Sonko, a largement remporté les élections législatives organisées dimanche 17 novembre. Avant même la publication des résultats définitifs ses principaux concurrents ont reconnu leur défaite.

Bassirou Diomaye Faye s’était substitué dans les présidentielles de mars dernier à Ousmane Sonko, déclaré inéligible, qui était le dirigeant du Pastef et l’opposant le plus résolu à l’ancien président Macky Sall. Il bénéficiait d’une grande popularité du fait de sa lutte contre la corruption et de ses promesses de rupture avec l’impérialisme français, mais suscitait aussi bien des illusions. Les procès intentés contre lui avaient fait descendre dans la rue toute une partie de la population, manifestations au cours desquelles la police fit 14 morts en 2021 et 24 en 2023. En 2024 encore, Macky Sall avait tenté jusqu’au bout de repousser les élections présidentielles, au prix à nouveau de plusieurs morts.Une fois élu, Bassirou Diomaye Faye a fait d’Ousmane Sonko son Premier ministre et après plusieurs mois l’Assemblée nationale élue sous Macky Sall, où le Pastef était minoritaire, a été dissoute. Celui-ci est donc désormais majoritaire, sans que cela laisse prévoir une politique plus favorable à la population pauvre. Pour nos camarades de l’Union africaine des travailleurs communistes internationalistes (UATCI-UCI), cela enlèvera seulement un alibi aux nouveaux dirigeants, comme l’expliquait le journal Le pouvoir aux travailleurs paru à la veille des élections :

« Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko répètent sans cesse qu’ils ne peuvent pas appliquer leur programme car ils ne possèdent pas une majorité de députés au Parlement pour faire adopter leurs projets. Ils demandent donc aux électeurs une confirmation du vote de la dernière présidentielle, mais dans les quartiers populaires les petites gens qui espéraient un changement dans leur vie quotidienne après la défaite de l’ancien président Macky Sall, expriment de plus en plus leur déception.

Cela fait sept mois que le Pastef est au pouvoir, mais les prix des denrées ont continué de grimper contrairement à ce qui a été promis avant l’élection présidentielle. Cela n’a rien à voir avec le fait que le Pastef est minoritaire au Parlement. Le gouvernement pourrait par exemple donner l’ordre aux grandes sociétés de distribution et aux grossistes de diminuer leurs marges bénéficiaires pour faire baisser les prix à la consommation. Il ne l’a pas fait car il est du côté des capitalistes. Par contre il a cherché des boucs émissaires chez les petits détaillants pour faire croire à la population que ce sont ceux-là qui n’appliquent pas les consignes. C’est exactement ce qu’avait fait l’ancien président Macky Sall en envoyant des contrôleurs de prix dans les marchés et les rues commerçantes, parfois accompagnés de caméras de la télévision pour montrer aux habitants qu’il luttait contre la vie chère. C’était du pipeau et les gens ne l’ont pas oublié. Aujourd’hui on leur refait le même cinéma !

Comme par hasard, à l’approche des prochaines législatives, il y a eu de petites baisses sur le prix de certaines denrées comme le riz, le sucre et l’huile. Dans les quartiers populaires, beaucoup de gens disent : « Ils ont baissé les prix pour qu’on vote pour eux, après les élections ça va recommencer à monter ! » Ils n’ont pas oublié la tromperie du gouvernement Pastef sur la prétendue diminution du prix du pain. Certes, le prix de la baguette a diminué un tout petit peu mais son poids aussi, de même que sa qualité. Les gens l’ont baptisé « pain Pastef ».

Du côté des salaires des travailleurs, il n’y a eu aucune augmentation décidée par le gouvernement, alors que le coût de la vie ne cesse de grimper. Les dirigeants des principales organisations syndicales brillent surtout par leur silence et leur inaction. Les travailleurs n’ont pas le choix, ils ne peuvent compter ni sur les politiciens au pouvoir ni sur les directions syndicales pour défendre leurs intérêts. Ils ne peuvent compter que sur leurs luttes contre le patronat et le gouvernement. »

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