SNCF – Lyon : morcellement et mise en concurrence20/11/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/11/une_2938-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNCF – Lyon : morcellement et mise en concurrence

Jeudi 21 novembre, l’ensemble des syndicats de l’entreprise appelle à une grève contre la liquidation de Fret SNCF, coupée en deux filiales, contre la suppression de 500 postes, et contre les filialisations et privatisations de lignes de trains de voyageurs.

À Lyon, dans les bureaux de Fret SNCF, l’inquiétude est grande car personne ne sait à quelle sauce il sera mangé, alors qu’au triage de Sibelin, les cheminots de l’atelier de maintenance de locomotives de fret de la nouvelle filiale Technis seront séparés de leurs collègues qui trient les wagons, rattachés à Hexafret.

Cet éclatement de la SNCF en une multitude de filiales n’est pas nouveau mais s’accélère. Les gares fonctionnent largement grâce à des travailleurs d’entreprises privées, au nettoyage, pour la restauration dans les trains ou à la sécurité. À la gare de Lyon-Part-Dieu, les cheminots employés par la SNCF pour accueillir les voyageurs sont de moins en moins nombreux, et ce sont les agents de sécurité de sociétés privées qui les renseignent, pour un salaire inférieur de plusieurs centaines d’euros. Pour l’accueil en gare, une nouvelle entreprise est apparue, Enjoï, qui appartient au groupe Samsic, propriété de la famille Roulleau (150e fortune au classement Challenges). Mais si Enjoï s’inspire du verbe anglais « apprécier », les conditions de travail n’y sont guère appréciables, avec des contrats précaires, à temps partiel, et payés au smic

À la gare de la Part-Dieu, la prise en charge des personnes handicapées est effectuée par Itirémia, une ex-filiale SNCF rachetée par le même groupe Samsic en 2018. Depuis, le nombre de jours de récupération a chuté, la charge de travail a augmenté et les salaires sont tombés au niveau du smic. À la gare de Lyon-Perrache, les cheminots de la SNCF faisant le même travail ont des salaires moins ridicules et des conditions de travail moins difficiles. Ainsi dans la même ville, à quelques kilomètres de distance, les dégâts des filialisations et privatisations sont bien concrets et visibles.

Établir des frontières artificielles entre travailleurs est une politique systématique des patrons. Elle sert d’argument à l’encadrement, qui répète que face à la concurrence, il faudrait accepter le sous-effectif et les tâches supplémentaires. Mais au quotidien, cette politique de division déraille. Bien des travailleurs ont des liens amicaux ou familiaux avec ceux des autres entreprises, ils travaillent ensemble et s’entraident. Quand, en début d’été, les travailleurs d’Itirémia de la Part-Dieu ont mené une série de débrayages pour obtenir 300 euros de prime JO, leur lutte a été suivie et soutenue par les travailleurs des autres entreprises de la gare.

Le sentiment que tout le monde est dans la même galère existe, et si les patrons mènent une politique de division, c’est qu’ils savent combien les travailleurs dans leur ensemble sont une force.

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