Sri Lanka : vote sanction à la présidentielle25/09/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/09/une_2930-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C0%2C1271%2C1649_crop_detail.jpg

Dans le monde

Sri Lanka : vote sanction à la présidentielle

Le 22 septembre, l’opposant de gauche et chef de la Coalition nationale pour le pouvoir du peuple, Anura Kumara Dissanayaka, a remporté l’élection présidentielle au Sri Lanka, après un deuxième tour de dépouillement.

Avec une participation de près de 80 %, aucun candidat n’a remporté plus de 50 % du total des voix au premier tour. Dissanayaka a obtenu 42,3 % tandis que son plus proche rival, Sajith Premadasa, a obtenu 32,7 %. L’ancien président Ranil Wickremesinghe, au pouvoir depuis les manifestations de colère de 2022 ayant entraîné la chute du clan Rajapaksa, n’a obtenu que 17 %.

En pleine crise économique, au printemps 2022, des manifestations quotidiennes à Colombo, la capitale, réclamant le départ du président Rajapaksa, avaient été violemment réprimées. La nomination d’un nouveau Premier ministre, devenu depuis président, avait alors offert quelque répit au pouvoir. Mais les conséquences de la crise ont continué de peser lourdement sur la population de 22 millions d’habitants. Le manque de devises a rendu l’importation des produits de première nécessité, comme le carburant, extrêmement coûteuse. L’inflation atteignant 70 % l’an, les produits de base, la nourriture et les médicaments sont devenus inabordables. La corruption reprochée au clan Rajapaksa qui a dirigé le pays pendant plus de dix ans n’ayant pas disparu avec lui, le sentiment d’injustice et la pauvreté croissante n’ont pas cessé d’alimenter la colère. Le déclin du tourisme après la pandémie du Covid, la hausse du coût de la vie et la croissance du chômage ont fait grimper le taux de pauvreté. Fin 2023, plus du quart de la population était au-dessous du seuil. L’augmentation du salaire minimum mensuel approuvée par le gouvernement en mars 2024 l’a fait passer de 12 500 roupies (environ 40 euros) à 17 500, mais les travailleurs salariés peinent à faire survivre leur famille. Que dire donc des autres…

Le prêt du FMI de 2,9 milliards de dollars, conclu l’année précédente, visait à combler partiellement la dette de 36 milliards. Comme chaque fois que la finance internationale propose ce type d’accord, c’est la population qui paye, par une hausse brutale des prix, une aggravation de la vie quotidienne, l’impossibilité de se procurer les produits indispensables, l’effondrement de la santé publique. Dans sa campagne électorale, Dissanayaka a promis non seulement des mesures anticorruption et une « bonne gouvernance », mais aussi la relance de l’économie par le développement des secteurs manufacturier, agricole et informatique. Il n’a cependant pas remis en cause l’accord conclu avec le FMI, évoquant seulement de façon vague une renégociation censée permettre d’atténuer les effets de l’austérité.

Ayant milité au sein du parti nationaliste pro-cinghalais JVP (Front de libération du peuple) actuellement membre de la coalition NPP et qui s’est dit marxiste, l’opposant Dissanayaka semble avoir incarné un espoir de changement et a recueilli les votes des jeunes manifestants de 2022. Mais en fait de « marxisme », il s’est rallié à l’économie de marché, et ses promesses faites aux pauvres ne vaudront vraisemblablement que ce que valent, en particulier en temps de crise, celles de tous ceux qui gouvernent dans le cadre du système capitaliste.

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