Au temps des Partis communistes11/07/19611961Lutte de Classe/static/common/img/ldc-min.jpg

Au temps des Partis communistes

Le 1er juillet 1921 une douzaine de délégués, représentant en tout et pour tout une cinquantaine de militants presque tous intellectuels, se réunissaient dans la concession française de Shangaï pour fonder le Parti Communiste Chinois. A peine né, le nouveau parti entra dans le feu de l'action. Car en effet, depuis des années, la guerre civile régnait en Chine. Un prolétariat certes peu nombreux par rapport à l'immense masse paysanne, mais concentré dans les grandes villes, et surexploité se développait et rejoignait la lutte anti-impérialiste et anti-féodale, de la paysannerie, de la bourgeoisie nationale et de l'intelligentsia.

La principale force organisée du pays, le Kuo Min Tang, avec à sa tête le Docteur Sun Yat Sen, est un parti libéral bourgeois qui aspire à réaliser la révolution démocratique en Chine et qui se réclame de la lutte à la fois contre les féodaux et l'impérialisme. En 1918, il installe son gouvernement à Canton, dirigé par Sun Yat Sen. Une révolution « démocratique » et « républicaine » a triomphé en 1911, renversant la vieille dynastie mandchoue, mais elle est rapidement escamotée par le président de la République Yan Che Kaï qui règne en véritable dictateur, rêvant même de se faire nommer empereur. Les chefs militaires des différentes provinces agissent, sans se soucier du pouvoir central, comme de véritables roitelets se faisant sans cesse la guerre entre eux. Telle est la situation qui préside à la naissance du PC chinois.

La première tâche qui s'impose à lui est d'acquérir une influence dans le prolétariat des villes. Il bénéficie pour cela du prestige de la révolution russe de 1917. Prestige qui n'est pas non plus négligeable vis-à-vis de l'intelligentsia. Ainsi Sun Yat Sen, tout en se délimitant constamment par rapport au communisme, sera impressionné par l'exemple russe, acceptera l'aide que lui fournira l'État ouvrier en techniciens et en matériel, et mettra à son programme la réforme agraire.

Il faut aussi au PC s'engager dans la lutte anti-impérialiste, dans les luttes contre les féodaux, que mènent les masses et ne pas en laisser la direction au KUO MIN TANG. Il lui faut ne pas laisser le formidable potentiel révolutionnaire que représentent les masses paysannes en lutte pour la réforme agraire sous la direction de la bourgeoisie (même si le parti qui la représente se réclame d'un programme libéral) qui ne peut que trahir leurs aspirations au moment où les intérêts de la bourgeoisie entreront en contradiction avec ceux des masses.

Dans ce but, en juin 1923, le PC chinois décide de constituer avec le KUO MIN TANG un « front unique » tout en préservant l'indépendance du parti en matière de politique et d'organisation.

Rapidement les masses s'organisent. Les effectifs du PC et du KUO MIN TANG s'accroissent à un rythme rapide, de même que ceux des syndicats. Le PC draine vers lui les éléments les plus dynamiques de la jeunesse et du prolétariat.

Mais peu à peu, le PC va abandonner, sur les directives de l'Internationale, son indépendance vis-à-vis du KUO MIN TANG. Tout en menant la lutte en commun avec le parti de Sun Yat Sen contre l'impérialisme et les seigneurs féodaux, au lieu de faire une critique serrée de ses inconséquences politiques, d'en montrer le caractère de classe bourgeois, d'expliquer aux masses que le Kuo Min Tang fatalement avant même les objectifs bourgeois de la révolution atteints, se retournera contre les masses, en premier lieu contre le prolétariat et plus encore contre le prolétariat organisé et conscient, le PC chinois s'intègre rapidement au Kuo Min Tang. Le 2 janvier 1924, Li Ta Chao et Mao Tsé Tung entrent dans l'administration centrale de ce parti. Puis le PC entrera en entier au Kuo Min Tang car, selon la clique bureaucratique qui est alors à la tête de l'Internationale communiste « le Kuo Min Tang n'est pas le parti de la bourgeoisie, mais le parti commun des classes diverses, le parti prolétarien doit y entrer pour le rendre meilleur et le pousser vers la révolution ». Ainsi, pour les masses, rien ne distinguera les communistes des membres bourgeois du Kuo Min Tang. Pour ne pas rompre l'unité ; ils défendront la politique des dirigeants de ce parti, et ne défendront que celle-là.

Pendant ce temps, le mouvement se développe dans les masses.

Des grèves éclatent. Grève des cheminots férocement réprimée en février 1923. Des incidents se produisent à Shangaï, à Canton.

Le 20 mars 1926, le gouvernement Kuo Min Tang de Canton décide de passer à l'attaque et c'est la fameuse campagne du nord, dirigée par Chang Kaï Chek. Les armées des seigneurs principaux s'effondrent, souvent les masses n'attendent pas l'arrivée des armées du Kuo Min Tang et s'insurgent. Quelquefois les paysans commencent à partager les terres, le mot d'ordre des communistes, dicté par l'IC est alors d'arrêter « l'action trop vigoureuse des paysans ».

En avril 1927, le Kuo Min Tang, avec à sa tête le général Chang Kai Chek qui a succédé à Sun Yat Sen mort en 1925, est maître de la Chine. Alors que Staline quelques jours auparavant, pour justifier la politique que faisait mener l'IC au PC chinois déclarait : « Nous presserons Chang Kai Chek comme on presse un citron, puis nous le jetterons », ce dernier au lendemain de la victoire se retourne brusquement contre les communistes. Il porte son armée de Nankin à Shangaï, tenu par les communistes. Ceux-ci, surpris, à peine armés, sont écrasés. La répression de Chang est féroce. Des milliers d'ouvriers sont massacrés, des milliers de militants exécutés de la façon la plus horrible.

Puis il attaque han-kéou. dans un baroud d'honneur, décidé dans les bureaux du kremlin, le pc décide la formation de soviets à canton, aventure sanglante qui est noyée dans le sang.

En quelques mois, l'effort du jeune Parti Communiste Chinois est anéanti, ses militants tués ou obligés de s'enfuir.

A partir de là, son influence disparaît des villes, c'est-à-dire du prolétariat, il se réfugie dans les campagnes et, à ce moment du parti communiste qui s'était fondé six ans plus tôt, il ne reste plus rien. Par la suite, de la « longue marche » à nos jours, en passant par son arrivée au pouvoir en 1948, il ne fut plus que son propre tombeau.

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