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Côte-d'Ivoire - Après un an de pouvoir du "socialiste" Gbagbo
Dans le courant du mois d'octobre, Gbagbo fêtera le premier anniversaire de son arrivée au pouvoir en Côte-d'Ivoire. C'est en effet à l'élection du 22 octobre 2000 que Gbagbo a obtenu la majorité des voix face au général Guéï, alors au pouvoir après avoir renversé son prédécesseur, Konan Bédié. Obtenir la majorité des votes n'a cependant pas suffi pour que Gbagbo puisse s'installer dans le fauteuil présidentiel. Guéï n'avait même pas attendu la fin du dépouillement des bulletins dont il savait l'issue peu favorable pour proclamer qu'il avait été élu. Autoproclamation qui entraîna une réaction violente de la population d'Abidjan qui ne voulait pas de ce président galonné. Mais c'est finalement le choix de l'armée, et derrière elle de la puissance tutélaire française, qui trancha la contestation en reconnaissant Gbagbo.
La victoire de Gbagbo n'en était pas pour autant, comme on l'a proclamé alors en France, la victoire de la "démocratie" contre un général qui se cramponnait au pouvoir. En effet, bien au-delà des tricheries électorales habituelles, comme le bourrage des urnes ou la surveillance des militaires sur les bureaux de vote, l'élection du 22 octobre avait été entachée par la décision d'écarter de l'élection la candidature de Alassane Ouattara. Décision prise par Guéï mais avec le soutien déclaré de Gbagbo, qui avaient argué, comme avant eux Bédié, que Ouattara ancien Premier ministre du pays, rappelons-le originaire du nord du pays, était en réalité burkinabé et qu'en tant qu'"étranger", il ne pouvait postuler à la présidence.
La nomination définitive de Gbagbo provoqua la révolte de ceux qui sympathisaient avec Ouattara et son parti, le RDR, qui réclamaient une nouvelle élection présidentielle avec, cette fois, le droit pour leur candidat d'y participer. La révolte fut matée par les militaires secondés par les gros bras du FPI, le parti de Gbagbo. Les affrontements avaient alors pris une forte connotation ethniste contre les ethnies plus ou moins islamisées du nord du pays et contre les immigrés en provenance du Burkina. La répression donna lieu à des scènes de lynchage, notamment à Abidjan où la majorité des habitants de certains faubourgs populaires est originaire du Nord ou du Burkina Faso. La gendarmerie, au lieu de s'interposer, procéda à des exécutions collectives dont le charnier, découvert à Yopougon, a gardé le souvenir macabre. Les responsables de ce massacre ont été récemment jugés... pour être acquittés "faute de preuves suffisantes", malgré des témoignages irréfutables.
Au cours de l'année écoulée, à travers diverses élections, notamment législatives, Gbagbo et son parti, le FPI, ont consolidé leur pouvoir. Rappelons que, depuis 1990, date à laquelle Houphouët-Boigny avait assoupli quelque peu sa dictature et le pouvoir de son parti unique, le PDCI, Gbagbo représentait l'opposition. Le FPI se réclamait de ses liens avec le Parti socialiste en France.
Depuis un an donc, les classes populaires de Côte-d'Ivoire font l'expérience d'un gouvernement qui se dit de gauche. Sur la politique de ce gouvernement, nous laissons la parole à nos camarades de l'UATCI. Nous reproduisons ci-dessous deux articles du mensuel Le Pouvoir aux travailleurs, édité à Abidjan, daté du 3 septembre 2001. Les articles commentent la tentative de Gbagbo de convoquer, dans le courant du mois de septembre, un "forum de réconciliation", auquel il a invité ses trois rivaux : Konan Bédié, ex-président, renversé mais toujours président du PDCI, qui coule des jours tranquilles en France... ; le général Guéï qui, malgré la présence de quelques-uns de ses proches dans le gouvernement FPI, se tient prudemment à l'écart dans son village natal, entouré d'une milice privée ; et même le principal rival, Alassane Ouattara, lui aussi en France de peur d'être arrêté ou assassiné en cas de retour intempestif au pays.
Le "forum de réconciliation", dont la date a été repoussée, devrait avoir lieu le 9 octobre qui vient. Mais les grandes manoeuvres entre les quatre "présidentiables" se poursuivent sur le fond d'une dégradation du niveau de vie, déjà faible, des classes populaires et d'un ethnisme que les grandes formations et les médias continuent à distiller, tantôt insidieusement, tantôt avec virulence.
Derrière la comédie de la réconciliation
Nous ne perdrons pas notre temps à tenter de deviner quand aura lieu la "réunion de réconciliation" voulue par Gbagbo si même elle aura lieu et l'accueil qu'elle trouvera auprès des trois autres compères-rivaux. Guéi a déjà donné un oui timide, Bédié marchande encore et Ouattara ne fait pas autre chose, bien que ses exigences soient plus grandes.
La proposition de Gbagbo ne vise pas seulement à consolider sa position de président. Elle correspond aussi aux exigences des grandes puissances. Ce n'est nullement que ces grandes puissances soient préoccupées par le sort de la population ivoirienne. Le sang et la violence, elles savent en faire leur profit à une tout autre échelle que le pire des gouvernements ivoiriens ne saurait le faire. Malgré les déclarations hypocrites des chefs d'État ou de gouvernement de la France, des États-Unis et des instances européennes, la démagogie ethniste des leaders politiques ivoiriens et les violences qui en découlent ne les gênent certainement pas sur le plan moral. Toutes les grandes puissances ex-coloniales, tout comme les États-Unis, savent diviser les populations des pays dont elles convoitent les richesses, les dresser les unes contre les autres en fonction des critères ethniques, religieux ou autres, si leur intérêt l'exige. Personne ne peut nier aujourd'hui la responsabilité écrasante de la France et de la Belgique dans le génocide ethnique au Rwanda. Le rôle souterrain des trusts du diamant et de ceux qui convoitent d'autres richesses minières est notoire au Liberia, en Sierra Leone, sans parler du Zaïre ou du Congo. Et l'on doit se souvenir que, derrière les aspects ethniques de la sanglante guerre du Biafra, il y avait la rivalité de deux trusts du pétrole pour le contrôle des ressources pétrolières de ce pays. C'étaient les populations du Nigeria qui étaient massacrées par milliers, leurs cases brûlées, leur peu de biens détruits, mais c'est dans les bureaux luxueux des conseils d'administration de Shell ou d'Elf que l'on tirait les ficelles et les profits.
Mais si les bourgeoisies impérialistes savent se servir des oppositions ethniques quand cela les arrange, voire les fabriquer, l'instabilité politique de la Côte-d'Ivoire, depuis la mort de Houphouët, ne les arrange pas. L'insécurité quotidienne, les pillages périodiques, les vitrines brisées et les grands magasins vidés de leur contenu, c'est mauvais pour les affaires. Et à quoi bon négocier des contrats juteux avec un gouvernement, s'il peut être renversé du jour au lendemain ? Et de surcroît, la Côte-d'Ivoire est non seulement livrée aux grands capitalistes à la Bouygues ou Bolloré, mais permet aussi à une bourgeoisie moyenne de toute provenance (française, libanaise et, bien sûr, ivoirienne) de prospérer, profitant de la main-d'oeuvre bon marché, des ressources diverses ou de la générosité des commandes de l'État. Cette couche de profiteurs vit dans le pays et craint de subir certains des inconvénients de l'instabilité et de l'insécurité.
Dans quelle mesure les "leaders" et la caste politique ivoirienne seront-ils sensibles aux pressions venant de ces milieux qui sont aussi les leurs , l'avenir le dira. Gbagbo est trop dépendant des aides des organismes internationaux pour ne pas tenter de répondre à leurs souhaits. Les autres ne sont pas au pouvoir ils peuvent plus facilement poser leurs conditions personnelles, rechigner, avancer à reculons. Mais même Ouattara, qui aurait le plus à perdre si ses conditions n'étaient pas acceptées par Gbagbo, a une trop ancienne pratique des organismes internationaux de la bourgeoisie pour ne pas être sensible aux conseils de "réconciliation" prodigués par les milieux politiques occidentaux. En outre, si les marchandages ne peuvent décidément pas aboutir, on peut plus facilement le recaser dans un de ces organismes, pour le dédommager de l'éventualité d'un abandon de ses ambitions présidentielles. En outre, on ne lui demandera même pas nécessairement d'abandonner ouvertement cette ambition : grâce au prestige du "chef du Nord" que lui a fabriqué la démagogie anti-dioula de ses adversaires, il peut être utile, le cas échéant, pour désamorcer une éventuelle révolte du Nord. Il suffirait qu'il ne rentre pas pour le moment et accepte de ne pas gêner le président en place.
Gbagbo justifie sa proposition de réconciliation en invoquant précisément la nécessité de redonner confiance aux investisseurs : "Laissez-moi gouverner, reconnaissez-moi comme président, aidez-moi à stabiliser le pouvoir politique, et les investisseurs reviendront, et toute la classe privilégiée en tirera profit".
L'argument, pour avoir un fondement, n'en est pas moins fallacieux. Pour lesdits "investisseurs" et en particulier pour le grand capital, la stabilité ou la sécurité ne sont qu'un facteur parmi d'autres. Le facteur décisif, c'est le profit que l'investissement rapporte. Cela tient du degré d'exploitation des travailleurs autrement dit, plus mal payés sont les ouvriers, plus les "investisseurs" sont tentés d'investir. Mais cela tient, aussi et surtout, à la situation économique internationale, à l'état du marché mondial.
Or, l'économie internationale tourne au vinaigre. Malgré plusieurs années d'accroissement des profits des entreprises capitalistes, d'envol des valeurs boursières et financières, obtenus par la dégradation de la situation des travailleurs à l'échelle du monde, y compris dans les pays développés, une nouvelle récession semble commencer. Elle se dessine déjà aux États-Unis. L'Europe risque de suivre. Des grands trusts multinationaux notamment ceux de l'informatique, de la téléphonie ou de l'automobile licencient en masse. Autrement dit, même dans les pays impérialistes, les "investisseurs" désinvestissent. En l'occurrence, l'évolution de la situation internationale pèsera infiniment plus sur les investissements en Côte-d'Ivoire et, donc, sur le fonctionnement des entreprises, des constructions, des banques, etc., que toutes les palinodies autour de la "réconciliation".
Voilà pourquoi les slogans sur "l'ivoirité" ne sont pas seulement dangereux, ils sont, aussi, désespérément stupides. Ce n'est pas le nombre plus ou moins grand de travailleurs burkinabés, maliens ou ghanéens qui est susceptible de peser sur la situation économique en Côte-d'Ivoire, mais ce que décidera une poignée de conseils d'administration de grandes entreprises dont les membres n'ont pas besoin de mettre les pieds en Côte-d'Ivoire pour pouvoir la ruiner, si telle est la conséquence des décisions que leur intérêt leur commande.
Voilà pourquoi, aussi, c'est l'ordre économique qui permet cela qu'il faudra changer et c'est ce que veulent dissimuler les politiciens et les plumitifs qui propagent les arguments crasseux de la xénophobie et de la haine ethniste.
Même s'ils se réconcilient, ce ne sera pas avec les classes laborieuses !
Pendant que politiciens et commentateurs amusent la galerie en entretenant un suspense dérisoire sur le "forum de réconciliation" voulu par Gbagbo, la situation des classes laborieuses ne cesse de se dégrader.
Les prix des produits les plus indispensables, riz, igname, huile, savon, sont en hausse sur les marchés. Les ressources déjà maigres des travailleurs, des djobeurs, de l'ensemble des classes populaires, suffisent de moins en moins, même seulement à nourrir convenablement la famille. Et pour beaucoup, ces ressources elles-mêmes ont diminué ou disparu, car les entreprises restreignent leurs effectifs et les chantiers du bâtiment sont suspendus ou arrêtés.
Pour insupportable que soit la situation des classes populaires dans les villes, elle l'est encore plus dans les villages. La malnutrition est générale, la sous-alimentation menace de le devenir. De plus en plus nombreux sont, surtout parmi les jeunes, ceux qui sont contraints de quitter le village pour les quartiers pauvres d'Abidjan. Mais pour y trouver quoi ? Il n'y a pas de travail, sauf des djobs mal payés, quand ils sont payés.
L'État, même sous la direction du prétendu "socialiste" Gbagbo est aussi dur pour les classes populaires que sous celle de ses prédécesseurs Houphouët, Bédié ou Guéï. Au lieu de chercher à améliorer leur sort, il l'aggrave. La récente hausse de la TVA sur l'électricité à la consommation donc du prix de l'électricité pour les familles de pauvres est d'autant plus significative d'une politique antipopulaire qu'en même temps les taxes payées par les entreprises capitalistes ont été abaissées. Et les familles pauvres attendent avec méfiance même les réformes soi-disant en leur faveur comme l'assurance maladie universelle. A juste titre, car on peut être certain que l'État cherchera à encaisser les cotisations, mais dans bien des villages et même, dans bien des quartiers populaires de grandes villes, il ne donnera rien en contrepartie, car il n'y a ni dispensaire, ni médecin. Et même quand il y en a, qui a les moyens d'avancer l'argent des soins avant de se faire éventuellement rembourser ? Ce sera seulement un impôt supplémentaire pour les travailleurs, pour les paysans et même pour les chômeurs, obligés de cotiser.
La défaillance de l'État est totale dans des domaines aussi essentiels que l'approvisionnement de tous les quartiers en eau potable ou la mise en place et l'entretien des infrastructures. Pour quelques grandes routes construites, surtout pour assurer le transport des marchandises pour les entreprises capitalistes, combien de quartiers populaires où la pluie transforme les rues en bourbier ou en marécages porteurs de miasmes ? Le fait qu'une maladie aussi facile à prévenir aujourd'hui que le choléra se transforme en épidémie et fasse des morts est un indice tangible de la défaillance totale d'un État. Il ne sait que prendre aux classes populaires sous forme de taxes sans même parler des rackets en tout genre et ne leur donne rien en échange, si ce n'est des coups. Les policiers, les gendarmes, les militaires du "socialiste" Gbagbo sont aussi méprisants vis-à-vis des travailleurs et des pauvres, aussi répressifs, aussi portés à les détrousser comme des bandits de grand chemin, que les forces de répression de ses prédécesseurs. Pas étonnant, ce sont les mêmes et elles sont tout aussi choyées par le nouveau président qu'elles l'ont été par les anciens.
Alors, quelle importance, pour les classes laborieuses, que le "forum de réconciliation" ait lieu le 7 septembre ou soit repoussé en octobre, en décembre ou à jamais ? Qu'est-ce que ça peut leur faire que Ouattara accepte ou non d'y venir ?
On voit les avantages pour Gbagbo d'une grande embrassade générale entre leaders politiques : ce serait la reconnaissance solennelle de sa position de président par ses rivaux du passé, du présent et, surtout, de l'avenir.
On en voit les avantages pour Bédié qui aurait, en contrepartie, la reconnaissance de son droit de jouir en paix de tout ce qu'il a amassé, y compris au détriment des caisses de l'État. Même chose pour Guéï dont les députés se sont d'ailleurs déjà réconciliés avec ceux de Gbagbo, d'autant plus que ce dernier leur a concédé quelques places de ministres.
Même Ouattara pourrait tirer profit de la "réconciliation", si Gbagbo acceptait de le réintroduire de plein droit dans la vie politique. Il n'est évidemment pas dit que Gbagbo l'accepte d'où les réticences de Ouattara. Mais le seul enjeu de ces marchandages en coulisse, c'est la carrière politique de Ouattara et la position de sa coterie politique, et pas les intérêts de la population.
En réalité, toute cette affaire ne concerne pas la majorité laborieuse de la population, mais seulement les coteries politiques. Elle ne peut même pas en espérer la fin des tracasseries ethnistes qui se sont transformées à plusieurs reprises en violence sanglante. D'abord, parce que les "présidentiables" rivaux, même réconciliés aujourd'hui, peuvent recommencer leur démagogie ethniste demain. Ensuite, parce qu'une cérémonie de réconciliation entre chefs ne mettra pas fin à la démagogie des plumitifs à leur service, ni aux agissements de leurs troupes. Les nervis du FPI ne baisseront pas les bras, pas plus que ceux du RDR. Et surtout, comment imaginer que les gendarmes responsables du charnier de Yopougon, triomphalement acquittés pour leurs crimes, ce qui vaut encouragement, cesseront d'utiliser des prétextes ethnistes ou xénophobes pour multiplier les tracasseries à l'égard des déshérités ?
Alors, même si les chefs politiques se réconciliaient entre eux, cela ne signifiera nullement la réconciliation avec la majorité laborieuse de la population. Car tous autant qu'ils sont, les quatre "présidentiables" représentent les intérêts de la bourgeoisie possédante, ivoirienne et internationale. Ils représentent les intérêts politiques de la classe riche qui, elle, mène et continuera à mener une guerre féroce contre les travailleurs, contre les paysans pauvres, contre les classes populaires. Leur richesse vient précisément des salaires trop bas qu'ils donnent à leurs ouvriers et des prix trop hauts qu'ils imposent aux consommateurs des classes populaires. Les bas salaires ne sont-il pas le principal argument invoqué par Gbagbo pour attirer les investisseurs en Côte-d'Ivoire ?
Aussi, la seule chose importante pour l'avenir du point de vue des travailleurs, des classes pauvres, est la rapidité avec laquelle pourra s'organiser le mouvement ouvrier pour se défendre dans la guerre que leur mènent la classe riche et ses représentants à la tête de l'État. Il faut en particulier que les travailleurs s'organisent politiquement et se donnent un parti dont la raison d'être serait de défendre les intérêts politiques du prolétariat des villes et des campagnes et dont la préoccupation permanente serait d'imposer des mesures favorables aux travailleurs et aux pauvres.
Le PDCI, l'UDPCI et le RDR ne sont que des comités de notables au service des ambitions politiques respectives de Bédié, de Guéï ou de Ouattara et pour préserver les fromages de députés, des élus municipaux et de leurs coteries.
Le FPI, malgré quelques discours en direction des travailleurs lorsqu'il a été dans l'opposition, malgré les phrases redondantes de Gbagbo sur la "refondation", n'a nullement l'intention de refonder quoi que ce soit dans la société ivoirienne, et sûrement pas en faveur des classes pauvres. A-t-il seulement manifesté l'intention de toucher à la fortune des classes riches, de réduire leurs privilèges et de limiter leur avidité ? Non, pas même en paroles. Or, on ne peut pas, dans ce pays, améliorer le sort des classes laborieuses, sans obliger le patronat à payer des salaires meilleurs, sans l'obliger à embaucher plus, à racheter aux paysans leurs matières premières à meilleur prix, à respecter ne serait-ce que la législation du travail actuelle. On ne peut assurer une politique de santé qui profite à tous, et pas seulement à ceux qui ont de l'argent, on ne peut améliorer les infrastructures et l'hygiène dans les quartiers pauvres, sans réorienter fondamentalement les dépenses de l'État, en supprimant tous les avantages, toutes les subventions ouvertes ou déguisées aux entreprises capitalistes, en prenant des mesures draconiennes contre la corruption, contre le pillage des caisses de l'État par ceux qui le dirigent.
En un mot, on ne peut rien faire pour les classes laborieuses, sans s'en prendre aux intérêts des classes riches. Gbagbo ne veut rien faire contre les riches. Il ne fera rien pour les travailleurs et pour les démunis.
Le FPI, son parti, n'a non seulement rien à voir avec le socialisme, il ne représente même pas les idées progressistes. Rien que son ethnisme ordurier, la façon dont ses militants propagent dans leurs rangs comme autour d'eux, sous prétexte du respect des traditions, des idées réactionnaires et obscurantistes, le disqualifie. Oh, il n'est pas pire que le PDCI, que le RDR, que l'UDPCI ! Mais il n'est pas meilleur, ni même différent.
Alors, aux travailleurs les plus conscients de se donner la main, aux intellectuels révoltés par la situation des classes laborieuses de les rejoindre et alors tous les espoirs sont permis pour que le prolétariat ait enfin son propre parti et se donne toutes les chances pour mener les luttes nécessaires afin d'imposer leurs exigences pour une vie meilleure.