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Editorial
Dénoncer la démagogie du gouvernement, lutter pour changer cette société !
« Que les parents tiennent leurs gosses », voilà ce qu’a déclaré le ministre de la Justice, Dupond-Moretti, à la suite des émeutes. Macron a surenchéri en évoquant une sanction financière contre les familles, reprenant à son compte la démagogie de la droite. « Une sorte de tarif minimum dès la première connerie », a-t-il ajouté, affichant le mépris social dont ce représentant des classes privilégiées est coutumier. Et Borne d’enfoncer le clou en déclarant que le gouvernement réfléchissait à « une amende forfaitaire pour les parents » en cas de délit de leur enfant.
Comme si les parents des quartiers populaires ne faisaient pas leur maximum pour leurs enfants ! La plupart se saignent pour leur payer des études et sont même parfois forcés de payer des cours privés pour pallier les absences des professeurs !
Et à qui la faute si bien des banlieues sont devenues de véritables ghettos où la pauvreté et la précarité conduisent certains jeunes, et parfois même des très jeunes, à tremper dans des trafics en tout genre ? À qui la faute si des policiers racistes s’amusent à provoquer tous les jeunes qu’ils croisent ?
C’est précisément de ces quartiers populaires que partent, tôt le matin, bien avant que les enfants soient levés, des cohortes de travailleurs pour aller faire le ménage, conduire les premiers bus ou prendre leur service dans les hôpitaux, quand ils ne travaillent pas de nuit.
En menant cette campagne odieuse contre les familles des milieux populaires, le gouvernement cherche à faire diversion pour masquer ses propres responsabilités et celles de la classe capitaliste dont il sert les intérêts.
Ceux qui, au sommet de l’État, prétendent se soucier de l’éducation des enfants des classes populaires ont fermé des classes dans les écoles pour faire des économies sur les postes d’enseignants. Ils ont planifié et organisé la fermeture de services utiles à la population, fermant les bureaux de postes, sacrifiant les moyens des hôpitaux et de la santé.
Borne a expliqué qu’il n’était pas normal que les jeunes soient inoccupés avant même le début officiel des vacances. Mais là, encore, à qui la faute ! Et qu’y a-t-il d’organisé dans les quartiers pour proposer des activités à la jeunesse la plus défavorisée pendant ces grandes vacances ? Pas grand-chose !
Cette société est pourrie d’inégalités, fondée sur l’exploitation et une violence sociale permanente. Pour aider une minorité de possédants à s’enrichir toujours plus, pour continuer à verser aux grandes entreprises des milliards de cadeaux, Macron et ses ministres ont privé totalement ou partiellement des dizaines de milliers de travailleurs de leur allocation chômage et viennent de voler deux ans de retraite aux salariés, programmant ainsi la réduction de leurs pensions.
Tout l’appareil d’État est dressé à encadrer, réprimer et, au besoin, terroriser les plus pauvres, avec sa police gangrénée par le racisme. Pour « rétablir l’ordre » dans les quartiers populaires, le gouvernement a mobilisé des dizaines de milliers de policiers qui ont fait de nouvelles victimes parmi les jeunes. De son côté, la justice s’est déchainée contre les jeunes arrêtés au moment des émeutes et condamnés en comparution immédiate à des mois de prison ferme pour avoir tiré des mortiers d’artifice, mais aussi pour avoir volé des jeans, des baskets ou de la nourriture dans des supermarchés. Les tribunaux ne font pas preuve de la même sévérité et de la même rapidité quand il s’agit de juger des puissants qui enfreignent la loi, des industriels qui ont tué avec de l’amiante, du chlordécone ou en s’affranchissant des mesures de sécurité élémentaires sur les chantiers et ailleurs.
Alors, oui, il y a de quoi être révolté ! Cette société n’a rien d’autre à offrir comme perspective au plus grand nombre que toujours plus de pauvreté et de violence.
Ouvriers, employés, quelle que soit notre entreprise ou notre activité, nous faisons tout tourner dans cette société, et cela nous donne une formidable force collective. En étant unis, quelles que soient notre origine et notre nationalité, dans une lutte commune pour renverser la classe de riches parasites qui domine la société, nous sommes les seuls à pouvoir offrir un autre avenir que cette plongée dans la barbarie et le chaos. C’est notre responsabilité, à nous, travailleurs, d’être capables d’offrir une perspective de changement et d’espoir à toute la jeunesse.