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Editorial
Loi immigration : nous sommes tous visés !
Quelques jours avant Noël, l’Assemblée nationale nous a offert un spectacle écœurant : le vote d’une loi Macron-Ciotti-Le Pen contre les immigrés. C’est une loi fondamentalement anti-ouvrière car attaquer les immigrés, c’est d’abord et avant tout s’en prendre à des travailleuses et des travailleurs.
C’est s’en prendre à des femmes de ménage, à des ouvriers du bâtiment, à des cuisiniers, des manutentionnaires, des livreurs, des aides à domicile... C’est s’en prendre à des travailleurs qui se lèvent tôt pour gagner leur vie dans les métiers les plus pénibles et les plus mal payés.
Quand on appartient au monde du travail, on connait le prix de cette exploitation. Alors, faire passer ces travailleuses et travailleurs pour des profiteurs, voire des menaces, est révoltant.
Cette loi est une gifle pour les travailleurs sans-papiers qui s’activent en ce moment même sur les chantiers des JO ou dans les cuisines des restaurants et qui croyaient dans les promesses de régularisation de Darmanin. Ces espoirs viennent de se briser sur des critères encore plus restrictifs.
C’est une gifle pour les immigrés en situation régulière qui n’auront plus les mêmes droits en matière d’APL ou d’allocations familiales.
C’est une gifle pour tous les immigrés installés dans le pays de longue date puisque la loi supprime l’acquisition automatique de la nationalité pour leurs enfants nés sur le territoire. Et c’en est aussi une pour ceux qui, naturalisés, se croyaient protégés puisque la déchéance de nationalité refait son apparition.
De fait, Macron établit la préférence nationale chère à la droite et à l’extrême droite.
Depuis longtemps, ces démagogues répètent en boucle qu’il faut faire passer les travailleurs « français de souche » d’abord. Mais enlever des APL aux travailleurs immigrés n’augmentera pas celle de ceux dont les papiers sont français ! Priver les sans-papiers de l’aide médicale d’État ne créera pas plus de lits dans les hôpitaux !
Retirer des droits à une partie des travailleurs n’en a jamais donné plus aux autres. C’est le contraire : les gouvernements commencent toujours par s'attaquer aux plus précaires pour ensuite s’en prendre à tous les travailleurs. On le voit dans les entreprises, où le patronat s’attaque d’abord aux intérimaires, aux contractuels ou sous-traitants pour ensuite attaquer les embauchés en CDI.
Les millions économisés sur le dos de certaines familles ouvrières servent toujours à grossir les cadeaux au grand patronat, car n’oublions jamais que tous ces politiciens sont d’abord à plat ventre devant les capitalistes et les plus riches.
Les lois sur l’immigration leur servent à faire oublier les mauvais coups contre tous les travailleurs et à masquer leur impuissance à stopper les crises, les inégalités et les guerres.
Alors, ne tombons pas dans le piège de la préférence nationale ! Ne nous laissons pas diviser entre travailleurs « français » et « étrangers » ! Affirmons la nécessité de lutter pour imposer, ensemble, des conditions de vie dignes contre les seuls véritables profiteurs de cette société : les grands actionnaires qui ne font rien de leurs dix doigts mais qui prospèrent sur le fruit de notre sueur commune !
Cette loi montre ce que valent ceux qui se présentent comme des barrages à la droite ou à l’extrême droite. Car c’est bien sur cette promesse que Macron s’est fait élire en 2017 et 2022. Et aujourd'hui, il passe les plats à Le Pen !
Désormais, quand il s’agit de flatter les préjugés xénophobes pour aller à la chasse aux voix, les politiciens se bousculent au portillon. Et ils montrent, une fois de plus, qu’ils sont prompts à retourner leur veste pour des combines politiciennes minables aux conséquences graves pour des millions de personnes. En faisant ce pas dans l’ignominie, ils montrent qu’ils n’auront pas de scrupules à en faire d’autres.
La gauche a une responsabilité écrasante dans cette évolution réactionnaire. Elle-même a trahi sa grande promesse de donner le droit de vote aux étrangers. Et surtout, elle a démoralisé les militants les plus sincères et les plus combatifs en se soumettant à la dictature patronale.
Mais le monde du travail est bel et bien là ! Ce ne sont pas ceux qui vomissent leur haine sur les plateaux de télé qui bâtissent les immeubles, entretiennent la voirie ou font tourner les hôpitaux. C’est nous tous, les travailleurs qui venons du monde entier. Ce rôle-là nous donne la capacité de nous battre pour nos intérêts et une société meilleure. Cela, personne ne nous l’enlèvera si nous en prenons conscience, et si nous nous organisons sur la base de nos intérêts de prolétaires.